Amazon gagne beaucoup d'argent mais dépense presqu'autant

Le logo d'Amazon-AFP/Archives/LOIC VENANCE Le logo d’Amazon-AFP/Archives/LOIC VENANCE

Les revenus du géant américain de la distribution Amazon continuent leur ascension mais le groupe a investi massivement au second trimestre, faisant fondre du même coup les bénéfices du groupe, qui a annoncé en juin le rachat de l’enseigne bio Whole Foods.

D’après les chiffres publiés jeudi, Amazon a vu son bénéfice net chuter des trois quarts au deuxième trimestre à 197 millions de dollars, en raison d’investissements et de dépréciations d’actifs plus importants que l’an dernier.

Le bénéfice ajusté par action, référence à Wall Street, est ressorti à 40 cents contre 1,42 dollar attendu en moyenne par les analystes.

Avant même ces résultats, Jeff Bezos avait perdu la place de première fortune mondiale, rang auquel il avait accédé quelques heures plus tôt, selon les calculs du magazine Forbes.

Dans la matinée, la fortune du PDG du groupe fondé en 1994 à Seattle (nord-ouest) était estimée à 90,5 milliards de dollars, devant le fondateur de Microsoft, Bill Gates, et ses 90 milliards de dollars. Mais le titre a fini en baisse à la clôture de Wall Street, faisant perdre sa couronne à Jeff Bezos.

Dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, le titre perdait 3% à 1.013 dollars vers 23H50 GMT.

Le chiffre d’affaires a pourtant bondi de plus d’un quart à près de 38 milliards de dollars, au-dessus des attentes des analystes, qui anticipaient 37,1 milliards de dollars.

La chute des profits s’explique notamment par des dépréciations d’actifs – informatiques essentiellement – et divers amortissements, pour un montant total de 2,6 milliards de dollars, a précisé Amazon, qui a également distribué pour 1,16 milliard de dollars de stock-options.

Le groupe a également accéléré ses investissements au second trimestre, a expliqué le directeur financier Brian Olsavsky pendant une conférence téléphonique avec des analystes, notamment dans le segment AWS, les services informatiques dématérialisés (« cloud »).

AWS a confirmé son rôle de locomotive du groupe, avec des revenus qui se sont envolés de 41,3% à 4,1 milliards de dollars et un bénéfice d’exploitation à 3,2 milliards (+45%) mais le groupe a dû « accélérer ses investissements dans l’infrastructure informatique » pour augmenter les capacités d’AWS, notamment via de nouveaux « data centers », a indiqué M.Oslavsky pour expliquer la chute du bénéfice net du groupe.

– « Investir pour dominer » –

« Autant Amazon est bon pour générer du chiffre d’affaires, autant il l’est beaucoup moins pour transformer ces sommes en bénéfices », a souligné l’analyste Neil Saunders, du cabinet spécialisé GlobalData Retail.

« Ceci étant, Amazon choisit délibérément de réinvestir et de sacrifier ses profits pour accroître sa part de marché et sa domination », a-t-il nuancé.

Le groupe a également investi dans des centres de distribution, a aussi indiqué Brian Olsavsky. Le succès d’Amazon l’oblige en effet à étendre son réseau d’entrepôts pour respecter ses délais de livraison, en particulier depuis le lancement du service Prime, qui garantit notamment la livraison gratuite en 48 heures.

L’abonnement Amazon Prime est est devenu un élément-clé du modèle économique d’Amazon.

La vidéo a aussi été une source importante de dépenses, avec des achats de contenus ou des lancements du service vidéo en dehors des Etats-Unis.

L’activité traditionnelle de commerce en ligne a rapporté 22,4 milliards de chiffres d’affaires (+26,5%) aux Etats-Unis mais son bénéfice d’exploitation a baissé de près de 38% à 436 millions de dollars.

Le groupe a creusé sa perte d’exploitation dans le commerce en ligne à l’international à -724 millions de dollars, contre une perte de 135 millions au second trimestre 2016, ce qui s’explique là encore par des investissements, a expliqué Amazon.

Le groupe a aussi dépensé pour « accélérer ses embauches, en particulier des commerciaux et des ingénieurs informatiques », selon M. Olsavsky.

Amazon « a recruté plus de 30.000 personnes », a précisé le patron Jeff Bezos cité dans le communiqué, soit une hausse de 42% des effectifs sur un an.

Pour le troisième trimestre, Amazon prévoit un chiffre d’affaires situé entre 39,25 milliards et 41,75 milliards de dollars. Les analystes attendent 39,93 milliards.

Amazon a annoncé le 16 juin le rachat de l’enseigne de distribution bio Whole Foods pour 13,7 milliards de dollars, le plus gros jamais effectué par le groupe.

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