Analyse et Stratégie : ARCELORMITTAL : La Corée du Nord « une fourmi dans le monde des matières premières, mais une fourmi entourée d'éléphants »

Cela n’est pour l’instant qu’une guerre des mots mais si le président américain Donald Trump, qui a promis « feu et fureur » à la Corée du Nord si elle continue à menacer les Etats-Unis, venait à ordonner une frappe sur Pyongyang, les marchés du pétrole, du minerai de fer, du gaz naturel liquéfié, du charbon ou encore du soja en seraient très ébranlés.

« C’est important de noter à quel point la péninsule coréenne et l’Asie du Nord sont importantes pour le marché des matières premières », apostrophe Christophe Main, analyste chez Citigroup dans une note publiée hier.

Les quatre principaux ports chinois sont situés à proximité de la frontière nord-coréenne.  

Les quatre principaux ports chinois sont situés à proximité de la frontière nord-coréenne.  

Les quatre principaux ports chinois sont situés à proximité de la frontière nord-coréenne.  

La dictature est « une fourmi dans le monde des matières premières […], mais c’est une fourmi entourée d’éléphants », décrit l’agence Bloomberg. La Chine, le Japon et la Corée du Sud comptent pour 84% des échanges mondiaux maritimes de minerai de fer, prévient le stratégiste de chez Citigroup. Les trois pays figurent dans le Top 5 des plus gros importateurs de minerai de fer et de pétrole par voie maritime au monde, renchérit Bloomberg. En prime, la Chine, où les principaux ports sont situés à proximité de la frontière nord-coréenne, accapare plus de la moitié des cargaisons de soja. Le Japon ? C’est le plus gros importateur de gaz liquéfié. Quant à la Corée du Sud, elle figure au rang des plus gros acheteurs de charbon et parmi les plus gros vendeurs d’acier.

Des frais d’envoi de 20 à 30% plus chers

Voilà pourquoi « les transporteurs suivent avec une grande attention les tests de missiles nord-coréens et la rhétorique de Trump », explique Bloomberg. En cas de frappes, les expéditions dans la région seraient fortement perturbées. « L’impact sur les routes commerciales dépendra de la portée du conflit, restreinte à la péninsule coréenne ou alors avec une étendue plus large », poursuit l’agence qui rappelle que lors de la guerre des malouines en 1982, la Grande-Bretagne avait imposé une zone d’exclusion de 200 milles nautiques. Elle se souvient aussi que pendant la guerre entre l’Iran et l’Irak, des navires commerciaux de pays neutres avaient été attaqués dans le Golfe persique.

Les expéditions deviendraient également beaucoup plus coûteuses en cas de conflit, les temps de trajets des navires déroutés devenant plus longs et les assurances plus chères. Les frais d’envoi dans la région pourraient augmenter de 20 à 30%, évalue Gary Chen, fondateur de Xinde Marine Services, une société de gestion des risques en mer cité par Bloomberg.

Cet éclairage fait, on comprend mieux le décrochage, aujourd’hui sur les Bourses européennes, des valeurs liées aux matières premières. A Paris, l’aciériste ArcelorMittal, qui possède également une division minière, dévisse de plus de 4%. En dehors du Cac 40, le producteur de nickel Eramet abandonne 4,5%.

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