Analyse et Stratégie : « Aujourd'hui, les niveaux de valorisation ne sont pas un frein », estime CPR AM

Malgré la cherté de la Bourse, notamment américaine, et les excès de valorisation sur plusieurs titres, difficile d’être négatif, pour l’heure, sur l’orientation des marchés financiers. « Compte tenu de l’environnement de taux bas actuel, on peut tenir avec de tels niveaux de valorisation qui, aujourd’hui, ne sont pas un frein, a estimé Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée chez CPR AM, lors d’une web-conférence organisée mardi 12 janvier. Après une année 2020 hors norme et imprévisible, où les marchés financiers ont battu des records alors que l’économie mondiale entrait dans une récession plus sévère que celle de 2008, 2021 a bien démarré. Le marché parie sur l’accélération de la croissance économique, quitte à mettre de côté les préoccupations sanitaires », a-t-il ajouté.

Selon l’expert, la poursuite de ce mouvement tiendra à l’accélération de trois composantes : la campagne de vaccination, la croissance économique et les profits des entreprises. « L’élément essentiel en 2021 sera le rétablissement de la confiance, qui, lui-même, dépendra du rythme de la vaccination et de son efficacité, abonde Laetitia Baldeschi, responsable des études et de la stratégie chez CPR AM. Chaque pays gère sa campagne en fonction de ses stocks de vaccins et de son modèle de vaccination, ce qui génère beaucoup d’écart entre les pays. Si Israël a déjà vacciné 21% de sa population, la France est à moins de 1%. »

Dans son scénario central (probabilité d’occurrence de 60%), la maison de gestion estime que la croissance reviendra grâce au retour de la confiance et de la dynamique de consommation, le tout alimenté par les politiques monétaires et budgétaires massives. Dans ses dernières prévisions, le Fonds monétaire international (FMI) table sur un rebond de 5,2% de l’économie mondiale en 2021 (après une contraction de 4,4% en 2020), avec des disparités entre les pays émergents (6%) et les pays développés (4%).

Le risque de rechute ne peut être exclu

Le deuxième scénario (25% de probabilité) de CPR AM repose sur une rechute de la croissance, provoquée par la perte de confiance dans la dynamique de vaccination et la persistance des préoccupations sanitaires. « Le risque est réel », a estimé Laetitia Baldeschi, faisant allusion aux craintes d’un troisième confinement en France. Une telle décision susciterait un choc de « croissance négatif », mais de moindre ampleur qu’en mars dernier, où l’économie a été mise à l’arrêt, en particulier dans le secteur industriel en Europe. Fin 2020 – début 2021, les restrictions ont ciblé des secteurs précis, comme la restauration, l’hôtellerie ou la culture. Dans certains pays, ils ont toutefois un poids important, comme en France, où ils contribuent à hauteur de 10% du PIB.

En termes d’allocation d’actifs, la maison de gestion estime qu’il y a davantage à attendre des rotations sectorielles, tournées vers les cycliques et banques, plus recherchées que les valeurs de croissance. D’un point de vue géographique, elle se positionne sur l’Asie et les émergents, « qui devraient pour une fois dépasser les Etats-Unis. » « L’Amérique du sud, qui a été frappée de plein fouet par la crise, apparaît une opportunité d’investissements. La région bénéficie de la dynamique de reprise observée en Chine, unique pays à avoir renoué avec la croissance, et de son intérêt pour les matières premières », a pointé du doigt Laetitia Baldeschi.

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