Analyse et Stratégie : Changement de perspectives pour les marchés émergents

Thomas Fallon, spécialiste des marchés émergents et membre du conseil des experts de Convictions AM, a présenté les risques et les opportunités des marchés émergents lors du point « macro et convictions ». Un premier constat a été dressé à l’aide de deux graphiques mettant en avant l’évolution des indices des marchés émergents et des marchés développés depuis 2012 et depuis fin 2016. Ils montrent qu’en cinq ans les marchés développés ont fortement progressé mais que ce sont les marchés émergents qui se distinguent particulièrement en 2017.

Les opportunités sont de retour

Les flux internationaux vers les marchés émergents sont redevenus positifs depuis 2016 (44 milliards de dollars) et ont fortement augmenté en 2017 (136 milliards de dollars), alors que les investisseurs s’étaient retirés de ces marchés entre 2013 et 2015.

La croissance du PIB des pays émergents a repris début 2017 et l’écart entre leur croissance et celle des pays développés s’est à nouveau creusé. Ce différentiel rend plus attrayant les actions des marchés émergents. De plus, l’inflation a fortement ralenti dans ces pays, particulièrement en Amérique latine (quasiment 12% d’inflation mi 2016 contre 6% actuellement, selon les chiffres de JP Morgan). Cette désinflation permet une « plus grande marge d’assouplissement monétaire » et favorise ainsi la croissance des marchés. Enfin, le troisième facteur est le recul du dollar. Les variations du billet vert ont en effet un impact sur la gestion de la dette et les flux de capitaux (notamment liée à la prime de risque de change), les conditions financières (notamment le crédit), et les prix des matières premières très liés à la monnaie américaine. Un dollar plus faible est ainsi globalement favorable aux émergents.

Des risques limités

Thomas Fallon met de côté les risques « internes systémiques », une crise dans un seul pays ne devrait pas avoir de répercussion sur l’ensemble des marchés émergents, sauf peut-être s’il s’agissait de la Chine, ajoute le spécialiste. Concernant les risques externes qu’il considère comme « bien plus importants », il écarte cependant celui d’une crise semblable à celle de 2013 qui avait suivi l’annonce par Ben Bernanke d’une réduction à venir de son programme de quantitative easing. A ce moment-là, les déficits des comptes courants pesaient beaucoup tandis qu’aujourd’hui ils sont plus « modestes ».

Le contexte global reste donc très favorable aux marchés émergents et les actions et obligations locales « offrent plus d’opportunités que les crédits souverains en devises fortes » conclut l’expert. 

Investir – Analyses et opinions – Les Echos Bourse