Analyse et Stratégie : Pictet AM est acheteur des marchés financiers pour jouer le rally de fin d'année

Pas évident d’être gérant en ces temps bouleversés en Bourse. Ni d’être optimiste. Pourtant, Frédéric Rollin l’est. Après le « sell-off » du mois d’octobre, « nous avons pris une position acheteuse sur les actions mondiales pour jouer un rally de fin d’année », souligne le conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM, pointant du doigt des niveaux de valorisation redevenus attractifs. « Nous conservons une préférence pour les émergents, notamment l’Asie et la Chine, mais nous sommes méfiants vis-à-vis des actions américaines du fait de valorisations élevées et neutres à l’égard de la zone euro en raison de la situation en Italie. »

La Chine va mieux qu’on ne le croit

Et de poursuivre son argumentaire : « le cycle économique est positif et la croissance bénéficiaire des entreprises devrait rester solide puisqu’elle est estimée à 10 % dans le monde par le consensus Ibes et les craintes relatives à l’économie chinoise nous paraissent largement exagérées, d’autant que la politique monétaire a atteint des records en termes d’apports de liquidités de la part de la Banque centrale chinoise. » En effet, les derniers chiffres d’activité en Chine sont difficiles à lire : la chute des ventes automobiles est liée en partie à la fin d’un avantage fiscal, tandis que les ventes du mois d’octobre ont été pénalisées par l’organisation en novembre du Single’s Day.

Aux Etats-Unis, l’expert n’entrevoit pas de récession. « La croissance reste solide. Selon nos prévisions, elle sera de 2,8 % en 2018 et de 2,6 % en 2019. La probabilité d’une récession est au plancher, de l’ordre de quelques pourcents. Et de 15 % à 20 % si l’on regarde la courbe des taux. » Sauf erreur de communication ou de stratégie de la Réserve fédérale, la première économie mondiale ne devrait pas franchir la ligne rouge.

Le double déficit américain va peser sur le dollar

Concernant le dollar, la maison de gestion adopte une stratégie en deux temps. Pour l’heure, elle est acheteuse. « Le double déficit, commercial et budgétaire, se renforce mais en termes de rendement (carry), le dollar n’a jamais été aussi bien rémunéré depuis 17 ans », souligne Frédéric Rollin. Et d’enchaîner : « En 2019, nous prendrons une position vendeuse sur le dollar ». Il invoque, pour justifier ce revirement, l’essoufflement de la croissance (« Les Etats-Unis ne peuvent pas continuer de croître à un rythme supérieur à celui de sa croissance potentielle »), le double déficit qui va encore se creuser et le mouvement de hausse de taux enclenché par la Réserve fédérale américaine. La maison de gestion table d’ailleurs sur trois relèvements des taux des Fed Funds d’ici à fin 2019, dont un dès le mois de décembre 2018.


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