Analyse et Stratégie : UBISOFT ENTERTAINMENT : E3 : ce qu'il faut retenir selon un broker

Le plus grand salon dédié aux jeux vidéo, l’E3, Electronics Entertainment Expo, a fermé ses portes le jeudi. Le cabinet d’analystes Midcap Partners en a tiré quelques enseignements.

Tout d’abord, le business model évolue, les trois plus gros éditeurs de jeux vidéo au monde, Activision, EA et Ubisoft s’accordant sur la nécessité d’offrir une expérience de jeu plus longue grâce à internet. « Le nombre de jeux vendus au lancement en deviendrait presque anecdotique tant les éditeurs semblent désormais attachés à développer les revenus générés sur l’ensemble de la durée de vie du jeu, qui ne se compte plus en semaines mais en mois voire en années », explique le broker.

Auparavant, les extensions étaient la solution privilégiée, mais elles risquent de diviser les communautés, « le secteur s’oriente donc davantage vers de la micro transaction avec de la vente d’objets à l’intérieur des jeux et des premiers tests publicitaires à l’instar de ce qui est déjà réalisé sur plusieurs jeux mobiles ». On peut notamment citer les skins, ces modèles uniques et payants pour les différents personnages incarnés.

De plus, il faut entretenir l’attrait des jeux en faisant régulièrement des mises à jour afin d’améliorer l’expérience des gamers, c’est la notion de « game-service ». Elle constitue désormais une nouvelle barrière à l’entrée car seuls les plus gros éditeurs sont capables d’investir les millions nécessaires à l’amélioration continue des systèmes.

Ubisoft toujours plébiscité

Par ailleurs, les licences historiques de jeux vidéo figurent de plus en plus parmi les applications les plus rentables. « Parmi les trois grands, l’exemple le plus réussi est celui d’Electronic Arts dont les franchises Star Wars, NBA, The Sims, Madden NFL ou SimCity sont déjà dans le top 100 des jeux les plus rentables sur l’App Store aux Etats- Unis », indique Midcap Partners. L’Europe et l’Amérique du Nord représentent 85% du chiffre d’affaires des plus grands acteurs de l’édition, cependant, la Chine demeure le premier marché en termes de gamers. Par conséquent, l’Asie, mais également l’Amérique du Sud, laissent entrevoir un potentiel de croissance attrayant.

Du côté des valeurs, le cabinet est passé de « achat » à « neutre » sur Bigben Interactive. Il estime que le groupe multimédia présent dans les accessoires, les produits audio et les jeux vidéo est correctement valorisé et que le risque déception sur l’objectif d’un chiffre d’affaires quadruplé de l’activité édition d’ici 2 ans est conséquent.

Sur Focus Home Interactive, Midcap Partners est à la vente compte tenu d’une conjoncture défavorable pour les éditeurs de jeux AA (milieu de gamme) par rapport aux AAA (blockbuster), du fait du développement du « game-service ». D’autant que la valeur semble correctement valorisée avec un PER de 18,1 pour 2017, selon les estimations du broker. Il est également dubitatif quant à la capacité du groupe à atteindre 100 millions d’euros de facturations cette année.

Ubisoft reste la vedette française du secteur. Le cabinet d’analystes est acheteur pour viser 60 euros, soit un potentiel de 19% par rapport au cours actuel de 50,2 euros. L’éditeur dispose d’un « formidable potentiel éditorial à court et moyen terme », avec un changement de business model qui, contrairement à Focus, joue en sa faveur.

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