Analyse et Stratégie : Vers un retour de la prise de risque sur les marchés d'actions

« L’amélioration est notable sur l’ensemble des marchés » signale Maxime Alimi, responsable de la stratégie d’investissement d’Axa. D’abord, les potentiels de production des Etats-Unis ont atteint un niveau optimum, avec un taux de capacité de production au plus haut. En revanche, l’Europe est en retard de cycle à cause de la crise des dettes souveraines. L’analyste ne pense pas que des éventuels chocs violents casseront le cycle américain (cf : une politique budgétaire trop accommodante). L’horizon s’éclaircie aussi sur l’emploi avec une baisse notable du chômage en zone-euro, notamment en Espagne même s’il reste élevé. Celui des Etats-Unis devrait rester bas.

L’autre effet visible de l’amélioration générale est le taux d’inflation. D’abord au sein de la zone euro où les prévisions sont de +1,7% en 2017 et +1,5% en 2018. La hausse est lente mais amorcée et solide : « le risque de déflation » a disparu selon la banque centrale européenne (BCE). Outre Atlantique, la hausse des prix est estimée à 2,4% en 2017 et 2,6% en 2018. En revanche, les rémunérations progressent peu. Pourtant les tensions créées par la baisse du chômage devraient stimuler les salaires (courbe de Phillips), ce qui n’est pas encore vraiment visible. Les économistes restent partagés sur le niveau de chômage optimal pour créer une véritable tension à la hausse. 

Vers la fin de l’assouplissement quantitatif

L’inflation est l’un des principaux éléments surveillés des banques centrales. La cible pour les Etats-Unis est quasi atteinte donc la Réserve fédérale américaine (Fed) poursuivra la normalisation de sa politique monétaire. Les gérants d’Axa tablent sur des taux directeurs à 2-2,25% fin 2018 (soit deux hausses en 2017 et trois en 2018). De son côté, la BCE a annoncé, début juin, poursuivre sa politique d’assouplissement quantitatif (QE). Après la lente réduction du programme d’achat d’actifs (40 milliards pendant les six premiers mois puis 20 milliards jusqu’à fin 2018), la première hausse du taux des dépôts devrait avoir lieu en 2019.

Tous les indicateurs semblent aller dans le bon sens mais les professionnels retiennent deux sources de risque majeures. Premièrement, l’Italie a trois défauts : une croissance faible, un système bancaire fragile et un paysage politique fragmenté. Ce qui pourrait créer un risque d’instabilité gouvernementale. Deuxièmement, la Chine pourrait être un vecteur de choc global. Malgré les mesures macro-prudentielles mises en place par le gouvernement le niveau d’endettement (surtout des institutions publiques) reste élevé. La bulle immobilière et la transition vers une économie de marché peuvent créer des chocs. Ce qui est problématique pour toute la planète puisque la Chine contribue à environ un tiers de la croissance mondiale.

Des investissements plus audacieux

La période est donc favorable à la prise de risque et les investisseurs en profitent. Pour le responsable de la gestion multi-classes d’actifs chez Axa, Serge Pizem, les marchés d’actions sont surpondérés en particulier ceux des pays émergents. L’amélioration des marges des entreprises devrait stimuler la croissance des bénéfices. Sur les obligations d’Etat, les investisseurs sont de plus en plus distants (Etats-Unis et zone-euro en positionnement négatif). Cependant, ils sont acheteurs de crédit à haut rendement de la zone euro (obligations risquées d’entreprises et d’Etats émergents) grâce aux politiques accommodantes des banques centrales. Enfin, les risques politiques créent de la volatilité entrainant une position acheteuse de celle-ci (les investisseurs vont chercher à se protéger des chocs au moment où ce n’est pas trop onéreux).

Sur les marchés d’actions, le consensus anticipe un maintien des profits. Les perspectives de résultats se maintiennent tant dans les pays émergents que dans les pays avancés. En outre, les multiples de valorisation ne montrent pas d’excès et les ratios cours sur bénéfices sont très proches de leur moyenne historique dans tous les pays. Enfin, les flux d’investissements en action repassent au-dessus de zéro et ceux des obligations poursuivent leur hausse.

L’Europe devrait tirer parti des menaces populistes en Europe et de l’isolationnisme des Etats-Unis pour se renforcer. Les marchés devraient bénéficier de ce regain d’intérêt pour une union plus intégrée selon les analystes.

Investir – Analyses et opinions – Les Echos Bourse