Analyses et opinions : La parenthèse enchantée d'Emmanuel Macron

L’affaire Ferrand ? Une anecdote. Le départ contraint de trois ministres Modem ? Une péripétie, voire une aubaine. La plaisanterie de mauvais goût au sujet des Comoriens ? « Un trait d’humour malheureux », alors qu’on n’ose imaginer les réactions que cette petite phrase aurait suscitées si elle avait été prononcée par François Hollande.

Depuis le 7 mai, Emmanuel Macron, président jupitérien, est sur son nuage. Après la victoire de celui-ci à la présidentielle, les Français lui ont accordé une très large majorité lors des législatives. Même l’économie se met de la partie avec un environnement qui s’améliore, une croissance qui repart et un chômage qui baisse. Lors de toutes les présentations économiques et financières auxquelles assiste la rédaction d’Investir, les gérants et les économistes s’émerveillent du vent d’espoir qui souffle actuellement sur la France. Le pays, traditionnellement triste et pessimiste, serait devenu joyeux et optimiste. Même à l’étranger, la voix de la France semble redevenue audible.

Cette parenthèse enchantée est, en partie au moins, un trompe- l’oeil. Tous les Français ne se sont pas convertis à la vision européenne et libérale du nouveau président par la grâce de son élection. Cette demi-France, qui a peur de l’avenir, de l’ouverture et de la mondialisation et qui a voté pour les extrêmes au premier tour de la présidentielle, n’a pas disparu. Elle est simplement devenue silencieuse, comme l’a prouvé son abstention à l’occasion des législatives. Elle attend pour voir.

Emmanuel Macron doit donc absolument faire vite s’il veut, comme il l’a annoncé, réformer, redynamiser et simplifier le pays. Il y a une fenêtre de tir. Il ne faut pas la rater sinon la parenthèse deviendra désenchantée.

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