Analyses et opinions : La retraite, un sujet d'élection

N’allez pas croire que j’ai décidé de consacrer chaque semaine l’éditorial au candidat d’En marche ! mais l’annonce, tardive pour susciter l’intérêt et progressive pour l’entretenir, de ses différentes propositions fait qu’il inspire un nouveau sujet cette semaine.

Cette fois, il s’agit de son initiative sur la retraite. Un sujet particulièrement explosif en France – Alain Juppé en sait quelque chose. Emmanuel Macron propose, on ne peut que s’en réjouir, de « mettre fin aux injustices de notre système de retraite ». Pour y parvenir, il envisage de réformer le système en adoptant un modèle universel qui s’inspire de ce qui a été mis en place en Suède entre 1994 et 2001.

Ce type de mécanisme présente plusieurs avantages. Tout d’abord, il est, par construction, équilibré. Ensuite, en fondant les 37 régimes actuels en un seul, il apporte une solution, qu’il faudra tout de même savoir faire passer auprès des intéressés, aux critiques sur les avantages dont bénéficient certains, en particulier les fonctionnaires.

Pour simplifier, les salariés cumuleront tout au long de leur carrière des points convertibles en pension le moment venu. Mais – c’est là l’ambiguïté du système – la valeur de ces droits sera actualisée chaque année en fonction de l’inflation, de l’évolution des salaires mais aussi de l’espérance de vie.

On passe donc à un système flexible mais également incertain. Cela permet à Emmanuel Macron de promettre qu’il ne touchera pas à l’âge légal de la retraite, ce qui est vrai puisque chacun pourra partir quand il le souhaitera, au risque de ne pas avoir suffisamment de points pour bénéficier d’une retraite décente.

Il indique aussi, ce qui est moins exact, qu’il n’agira pas sur le montant des pensions. Or, un peu comme certains systèmes par capitalisation, en cas de crise financière, le mécanisme par points a entraîné, en Suède, une sensible variation des retraites au début des années 2010.

Autre problème, ce nouveau mécanisme mettra du temps à être appliqué. Emmanuel Macron parle de deux ans de concertation, puis de dix ans de mise en place.

En résumé, le chef des marcheurs pose la bonne question, c’est déjà important, mais il n’est pas certain qu’il y apporte la réponse la plus adaptée.

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