Analyses et opinions : La transition énergétique mise à mal par la chute du brut ?

Et si l’effondrement des cours du pétrole était une menace à court terme pour la transition vers une énergie plus verte ? La question se pose alors que le baril de Brent, emporté par la guerre des prix déclenchée par l’Arabie saoudite, se traite, jeudi 12 mars, à moins de 34 dollars, plongeant de 6%, et que le WTI dévisse de 5,7%, à tout juste 31 dollars. « Le pétrole cher rend les alternatives, comme les véhicules électriques, plus attrayantes. Un pétrole moins cher crée un vent contraire pour ce changement », souligne Charlie Kronick de Greenpeace UK. Le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, argue dans le même sens : « Cela va certainement exercer une pression à la baisse sur l’appétit pour une transition énergétique plus propre ».

Achats opportunistes 

Les propos de Nelson Wang et d’autres leur donnent raison. « La Chine pourrait profiter de la baisse du prix du brut pour lancer des achats opportunistes, afin de renforcer les réserves stratégiques de pétrole », estime Nelson Wang, directeur exécutif de China International Capital Corp. Pour Luo Zuoxian, chef de département de l’Institut de recherche économique et de développement Sinopec, le moment est opportun pour augmenter les importations de brut et encourager les réserves. Et la transition énergétique dans tout cela ? Car après tout la « civilisation écologique » fait partie des idées prônées par le président Xi Jinping.

Or mardi, l’administration nationale de l’énergie chinoise a annoncé la division par deux des subventions nationales de cette année pour les nouveaux projets d’énergie solaire et la fin des subventions pour les nouveaux parcs éoliens offshore, dans un souci d’alléger la pression sur le budget du gouvernement central. C’est une mesure raisonnable pour allouer les fonds de manière plus judicieuse, a réagi Shi Jingli, professeur dans un institut de recherche du premier planificateur économique chinois, à Caixin, avant d’ajouter que les généreuses subventions accordées aux parcs éoliens offshore ces dernières années ont pesé sur les finances du gouvernement central.

Un « bon test »

La situation actuelle est un « bon test » de tous les engagements climatiques pris récemment, ajoute Fatih Birol. « Les observateurs ne tarderont pas à remarquer si l’accent mis par les gouvernements et les entreprises sur la transition s’atténue lorsque les conditions du marché deviennent plus difficiles. »

Si les projets d’énergie renouvelable ont généré des rendements inférieurs à ceux de l’exploration pétrolière et gazière, ils ont également offert une stabilité des prix à long terme qui pourrait devenir plus attrayante sur le marché actuel, considère pour sa part Mark Lewis, responsable de la recherche sur les investissements dans le domaine du changement climatique chez BNP Paribas Asset Management.


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