Arabie saoudite : l’Etat soutient la stabilité financière en perfusant les banques

La chute du prix du baril fait réagir les pays producteurs. Afin de tenter de restreindre la montée des taux d’intérêt provoquée par la dégringolade des cours du pétrole, la banque centrale saoudienne a annoncé dimanche qu’elle allait déposer environ 20 milliards de riyals (4,75 milliards d’euros) dans les banques commerciales et lancer deux nouveaux instruments sur le marché monétaire.

S’exprimant dans un communiqué, l’établissement financier a indiqué que ces mesures visaient à « soutenir la stabilité financière ». La chute des prix des matières premières énergétiques a rongé la manne pétrolière de l’Etat saoudien … et les nombreux pétrodollars injectés dans le système bancaire du pays.

Alors que les dépôts des banques commerciales avaient progressé sans interruption depuis des années, en juin dernier ils étaient en recul de 3,3% par rapport à la même période de 2015. Une situation qui diminue la liquidité du système bancaire et fait monter les taux interbancaires. Sur les 15 derniers mois, le taux à un an saoudien a progressé de plus de 1,5 point de pourcentage.

Désormais, les autorités redoutent une hausse des taux du crédit bancaire proposé au secteur privé, ce qui, le cas échéant augmenterait fortement l’impact de la chute du prix du baril sur l’économie du pays, déjà largement écornée par un tel contexte.

Une hausse des coûts de financement de l’Etat est ainsi à redouter, alors que chaque mois, il procède à des émissions obligataires souscrites par les banques pour financer un déficit budgétaire qui ne cesse de croître depuis deux ans. En 2015, le déficit du pays a même atteint un niveau record, à 98 milliards de dollars (près de 87 milliards d’euros).

Pour faire face à la situation, l’Arabie saoudite a d’abord utilisé ses propres réserves financières, pour recourir par la suite à la dette. Ses emprunts ont d’abord été réalisés auprès de créanciers nationaux, puis, depuis le début 2016, avec l’aide des investisseurs internationaux. Au final, cette année, la part de déficit financée par la dette sera de 40 %, soit le double de son montant 2015.

Afin de se préparer à la fin progressive mais inéluctable de ses pétrodollars, le pays souhaite également l lancer un emprunt massif dans le cadre d’un plan dénommé « Vision 2030″, mis en œuvre pour assurer sa transition d’une économie basée presque entièrement sur le pétrole (les trois quarts des revenus du gouvernement proviennent du secteur qui représente 84 % du PIB).

Dans son communiqué publié dimanche, la banque centrale s’est voulue néanmoins rassurante, affirmant que le système bancaire saoudien reste sain. Selon ses chiffres, ses créances douteuses ne représentent pas plus de 1,3% de son encours total, tandis que d’importantes provisions ont d’ores et déjà été passées.

Il est vrai que selon le Financial Times, nombreux sont les investisseurs – tout particulièrement ceux en provenance d’Asie – qui souhaitent acheter des obligations de la monarchie pétrolière.

Sources : Reuters, Radio France, Financial Times

Elisabeth Studer – 25 septembre 2016 – www.leblogfinance.com

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