Bayrou propose de flécher la baisse des charges prévue vers les salaires modestes

François Bayrou, le président du MoDem, a proposé jeudi d’affecter « les 20 milliards prévus de baisse des charges généralisées à une baisse des charges en particulier ciblée sur le SMIC et les salaires qui sont immédiatement supérieurs », dans un entretien à l’AFP.

« La réflexion sur le financement des mesures annoncées par le président de la République sur le SMIC, sur la prime d’activité et sur la baisse de la CSG équivaut à peu près, selon les calculs des spécialistes, à 10 milliards d’euros », rappelle le leader centriste.

« Il suffirait de poursuivre une année de plus le CICE (crédit d’impôt compétitivité entreprise) tel qu’il fonctionnait avant 2017 et d’affecter les 20 milliards prévus de baisse des charges généralisées à une baisse des charges en particulier ciblée sur le SMIC et les salaires qui sont immédiatement supérieurs », suggère M. Bayrou, en évoquant « les salariés qui gagnent jusqu’à 1,4 ou 1,5 fois » le salaire minimum.

Lors du débat à l’Assemblée sur la motion de censure des gauches, le président du groupe MoDem, Patrick Mignola, a lui aussi proposé de « reconduire le CICE plutôt que de le modifier ». « Cette mesure ne sera pas pénalisante pour les entreprises et salvatrice pour les finances publiques », a-t-il expliqué dans l’hémicycle.

Mais cette idée suscite des réticences dans la majorité. La vice-présidente du groupe LREM, Amélie de Montchalin, ne veut pas « remettre en cause les plans d’investissement et de financement des entreprises ».

« C’est une réforme qui, d’après les économistes, permettra beaucoup plus facilement de créer de l’emploi que ne le faisait le CICE. Je pense qu’il faut garder du calme, du sang-froid », a-t-elle déclaré devant la presse.

Contraint de trouver comment financer les mesures de pouvoir d’achat accordées aux « gilets jaunes » annoncée lundi, le gouvernement cherche à mettre à contribution les entreprises, et pourrait aller plus loin que la demande de prime exceptionnelle défiscalisée évoquée par Emmanuel Macron.

Mais, devant des chefs d’entreprises réunis mercredi à l’Élysée, le président de la République n’a pas évoqué de report de la transformation du CICE en baisses de charges, prévue l’an prochain, répétant qu’il n’était pas question de « détricoter » les réformes menées depuis 2017.

Le CICE se décomposait pour cette année en 20 milliards d’euros pour le remboursement du crédit d’impôt et 20 autres milliards pour la baisse des charges.

Selon François Bayrou, « la question du financement peut être résolue sans qu’une nouvelle usine à gaz soit mise en place », « tout en évitant le dépassement du déficit et de la dette », de manière à ce que la France « demeure dans le cadre des engagements », notamment celui de ne pas dépasser 3% de déficit.

« Les entreprises n’y perdront pas puisque le mécanisme actuel du CICE peut être prorogé une année de plus », a-t-il encore affirmé, en soutenant que « ce mécanisme peut jouer aussi pour l’allégement de la CSG pour les retraités qui gagnent moins de 2.000 euros ».

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