Bombardier : délocalisation partielle au Maroc et au Mexique, effet Brexit ?

Après le secteur automobile, c’est désormais le secteur aéronautique qui met les gaz à destination du Maroc. Selon le quotidien irlandais The Belfast Telegraph, le canadien Bombardier va délocaliser une partie de sa production aujourd’hui réalisée en Irlande du Nord en faveur du Maroc et du Mexique. Objectifs affichés : réduire les coûts de production … sans faire mention du Brexit.

Le constructeur qui emploie près de 5000 personnes à Belfast a confirmé le transfert de « certaines activités ». « Il est crucial pour nous de continuer à transférer les secteurs de production dans lesquels nous ne sommes plus compétitifs afin d’assurer l’avenir de nos opérations en Irlande du nord », a ainsi indiqué le constructeur au quotidien.

Il a par ailleurs indiqué qu’après avoir entrepris d’importants investissements en Irlande du Nord au cours des dernières années, il allait continuer à se concentrer sur la production de haute complexité et de haute valeur ajoutée et qu’il devait pour cela équilibrer ses coûts avec des sites au Mexique et au Maroc et assurer le succès futur de l’ensemble de l’entreprise.

Cette annonce intervient alors que cette semaine, le constructeur a du licencier 95 personnes, conformément au plan annoncé. Plus de 700 personnes devront partir cette année, 1080 autres départs étant prévus pour 2017.
Bombardier a également indiqué envoyer régulièrement des opérations de travail de Belfast vers le Mexique et le Maroc et d’autres sites de son entreprise ainsi qu’en Chine et que réciproquement le site irlandais recevait des ordres de fabrication en provenance d’autres sites.

L’automne dernier, les medias avaient laissé entendre que la compagnie allait supprimer 200 emplois à Toronto, au Canada, et les les délocaliser au Mexique et en Chine. Selon un employé, certaines opérations sont transférées déjà depuis quelques temps de Belfast vers le Mexique, y compris la production de pièces composites. A l’heure actuelle, l’usine mexicaine est capable de réaliser n’importe quelle structure et devrait le faire rapidement a-t-il par ailleurs ajouté. Un autre salarié a déclaré pour sa part que de nombreux anciens contrats avaient été transférés vers le Maroc et le Mexique en raison des coûts.

Réagissant à cette annonce, Davy Thompson, représentant syndical dans la région nord-irlandaise a déploré que désormais 735 employés risquaient de perdre leur emploi cette année dans l’usine de Belfast. Le syndicaliste regrette par ailleurs « l’absence d’une stratégie industrielle à l’heure où l’Irlande du nord doit faire face aux défis qui relèvent du Brexit ». En novembre 2015, les partis d’opposition canadiens avaient condamné quant à eux la décision prise par le géant de l’aéronautique de renforcer ses activités au Maroc ainsi qu’au Mexique.

L’usine marocaine de composants aéronautiques du groupe Bombardier est entrée en production en octobre 2015. Située à Nouaceur (en périphérie de Casablanca) elle fabrique notamment des composants mécaniques destinées au modèle d’avion de ligne civil Canadair regional jet (CRJ).

Le site s’étend sur 9 000 m² sur un site qui couvre au total 14 000 m². Bombardier dispose également d’un second terrain viabilisé mitoyen, dans la perspective prochaine de deux extensions. Au total, le groupe aéronautique canadien  a acheté 55 000 m² de terrains industriels au sein de la zone franche d’exportation Midparc, ouverte en 2013.

Le constructeur s’est par ailleurs engagé à investir 200 millions de dollars dans ce site sur un programme de cinq ans. Il devrait compter 850 salariés d’ici à 2020, tout en étant à l’origine de 4000 emplois indirects.
En contrepartie, l’avionneur a eu droit à une exonération d’impôt durant cinq ans ainsi qu’un taux préférentiel de l’Impôt sur les sociétés de 8,75% sur 20 ans.

Sources : The Belfast Telegraph, Presse marocaine

Elisabeth Studer – 12 août 2016 – www.leblogfinance.com

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