Brexit: une facture à 100 milliards pour le Royaume-Uni?

Quel serait le coût du Brexit pour le Royaume-Uni ? Le CBI (Confederation of British Industry) – l’équivalent du MEDEF en Grande-Bretagne – s’est penchée sur la question. Et ses conclusions sont loin d’être optimistes. Si l’on en croit le rapport du CBI, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne pourrait faire perdre 100 milliards de livres à l’économie britannique et détruire près d’un million d’emplois dans le pays. 

Pour arriver à ces conclusions, l’organisme a étudié deux scénarii. L’un, optimiste, dans lequel le pays parvient à négocier un accord de libre échange avec l’Union Européenne et réussit à solder les problèmes liés à sa sortie de l’UE dans les cinq années suivant le “Brexit”. L’autre, moins favorable, dans lequel les négociations de sortie de l’Union Européenne s’enlisent et l’organisation des échanges commerciaux avec l’Union Européenne s’opère désormais sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En subissant, à l’exportation vers l’Union européenne, les barrières tarifaires d’un pays tiers. 

Des projections largement négatives

Quel que soit le scénario envisagé – le bon ou le mauvais – les conséquences d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne sont négatives. En 2020, le PIB d’un Royaume-Uni sorti de l’Union Européenne serait inférieur de 3% (scénario optimiste) ou de 5,5% (scénario pessimiste) à celui d’un Royaume-Uni resté dans l’UE. A court terme, l’impact immédiat d’une sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne serait tout aussi douloureux. Les incertitudes créées par un vote “oui” au Brexit pourraient faire perdre entre 55 et 100 milliards de livres à l’économie britannique. 

Selon le rapport, les incertitudes liées à l’après “Brexit” devraient être résolues d’ici 2030. Mais l’économie britannique continuera de souffrir des séquelles de sa sortie de l’Union Européenne. Le PIB du Royaume-Uni sera alors inférieur de 1,2% à 3,5% à ce qu’il aurait été en cas de maintien dans l’UE. Un “moins bien” qui s’explique par l’introduction de nouvelles barrières douanières et d’entraves à la mobilité du travail. Des conséquences négatives que ne viennent pas compenser les bénéfices tirés de la non-participation au budget de l’Union Européenne.

Les projections sont tout aussi négatives pour le marché de l’emploi. A court-terme, l’emploi au Royaume-Uni devrait chuter de 1,7% à 2,9%. A plus long terme, la Grande-Bretagne devrait employer de 350.000 à 650.000 personnes en moins que si elle était restée dans l’Union Européenne. D’ici 2030, l’emploi devrait chuter de 1% à 1,8% au Royaume-Uni.

Un constat à relativiser

“Cette analyse montre très clairement pourquoi quitter l’Union européenne serait un vrai coup pour le niveau de vie, l’emploi et la croissance”, analyse Carolyn Fairbairn, directrice générale de la CBI. “Même dans le meilleur des cas, cela causerait un sérieux choc à l’économie du Royaume-Uni”. De quoi faire pencher la balance? Pour l’instant, le “oui” et le “non ” sont au coude-à-coude dans les sondages – et 20% des électeurs britanniques n’ont toujours pas pris de décision.

L’impact de cette étude mérite toutefois d’être relativisé. Comme l’indique la CBI dans son rapport, “dans le cas de projection comme celle-ci, nos estimations sont sujettes à de nombreuses incertitudes et ne doivent être prises que comme une indication générale des conséquences potentielles d’une sortie de l’Union Européenne. Elles ne couvrent pas l’ensemble des issues politiques, sociales et culturelles de l’appartenance à l’UE.” Reste à savoir sur quoi les électeurs se détermineront.

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