CAC 40 : La Bourse se stabilise malgré l’impressionnant bond du chômage aux Etats-Unis

Les indicateurs économiques alarmants se succèdent mais rien n’ébranle pas vraiment la confiance des investisseurs, qui s’accrochent aux signaux de réouverture prochaine des économies. Le CAC termine sur un recul anecdotique de 0,08%.

En dépit d’une nouvelle salve d’indicateurs qui reflètent que l’économie américaine est plus affectée que prévu par la pandémie, les marchés font preuve d’une étonnante résilience. Si le CAC enregistre un repli marginal à la clôture (-0,08% à 4.350,16 points), il avait auparavant évolué dans le vert tout au long de la séance, « conservant sa dynamique haussière de court-terme [en choisissant] de se raccrocher aux bonnes nouvelles comme la réouverture partielle des Etats-Unis, plutôt que se concentrer sur la catastrophe économique causée par l’épidémie et la plus grande récession depuis la grande dépression à venir, selon le FMI » indique Vincent Boy. Le volume d’échanges qui se resserre un peu plus chaque jour (moins de 3,1 milliards d’euros ce jeudi) témoigne néanmoins de la réserve des investisseurs.

Trump veut rouvrir le pays rapidement, le chômage explose

Alors que s’ajoute à cela la première salve de publications trimestrielles inquiétante -les six plus grandes banques américaines (avec Morgan Stanley jeudi) ont donné le coup d’envoi de la saison des résultats en faisant ressortir une hausse importante de leurs provisions pour risques de défaillances- les investisseurs se raccrochent donc aux espoirs de réouverture de l’économie américaine.

Malgré le sombre dernier rapport quotidien sur le coronavirus outre-Atlantique (avec plus de 2.800 décès sur les dernières 24h, un record), « le président américain persiste dans sa décision de rouvrir 19 ou 20 États parmi les moins impactés par le virus à partir du 1er mai » note Vincent Boy. L’analyste précise que Donald Trump « devrait annoncer son plan durant la journée, peut-être lors de la publication des nouvelles inscriptions au chômage, prévues à 14h30 ».

« Encore attendu encore à un niveau stratosphérique » dixit Christopher Dembik et redouté par les investisseurs, le nombre de nouveaux demandeurs d’emploi s’est établi à 5,2 millions aux États-Unis, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail. Sur les 4 dernières semaines, plus de 22 millions d’emplois ont été détruits, soit presque autant que le nombre d’emplois créés au cours de la décennie précédente (+22,6 millions entre 2010 et 2019). « L’enseignement clef est que le marché du travail est complètement ravagé en ce moment » résume Patrick O’Hare de Briefing.com.

Donald Trump n’a en revanche pas annoncé de plan pour rouvrir progressivement l’économie du pays, contrairement à ce que de nombreux observateurs anticipaient – il faut dire que le président américain a un certain passif en terme d’annonces fracassantes (principalement) destinées à éclipser d’autres mauvaises nouvelles. Celles-ci ne manquent pas. Outre le chômage, les mises en chantier de logements privés aux Etats-Unis ont chuté de plus de 22% en mars (plus bas depuis 1984) alors que l’indice d’activité de la Fed de Philadelphie est tombé à un plancher depuis 1980.

Face à ce flot de nouvelles alarmantes, Wall Street semble avoir mis des œillères et/ou attend l’annonce de nouvelles mesures de soutien économique. À 18h, et le Dow évolue à l’équilibre. Mieux, le S&P prend 0,8% et le Nasdaq 1,8%, tiré par des poids lourds comme Amazon (+6,1%) ou Netflix (+4,8%), tous deux à un sommet historique.

À Paris, les valeurs les plus exposées continuent de souffrir

Sur la cote parisienne, les compartiments dont l’activité est la plus affectée depuis le début de la crise sanitaire restent mal orientés. C’est notamment le cas de l’automobile (-3,9% pour Peugeot, 3,5% pour Renault), de la banque (-3,6% pour BNP Paribas) et de l’aéronautique (-2,9% pour Airbus, même si Safran s’offre un timide rebond de 1,4%). Également en difficultés, Publicis (-6,2%, plus lourde chute de l’indice phare) et Accor (-4,3%) lâchent encore du lest.

Dassault Systèmes (+5,8%) domine le palmarès jeudi, suivi de Capgemini (+2,9%), Michelin (+2,5%) et Sanofi (+2,4%).

Sur le reste de la cote, le spécialiste de la santé animale Virbac a enregistré sa plus forte croissance depuis plusieurs années au premier trimestre mais craint un vif repli de son activité au cours des prochains mois. Le titre cède 4,7%. Enfin, Catana Group a fait état d’un premier semestre décalé solide (+27% de revenus) mais réduit sa « guidance » et ne s’attend plus qu’à un « exercice stable » alors qu’il anticipait auparavant une forte croissance, le titre recule (-3,8%). Dans l’autre sens, Lagardère prend 12,5% après des informations des Échos selon qui « plusieurs capitaines de l’industrie et de la finance françaises, dont Marc Ladreit de Lacharrière et sans doute Vincent Bolloré » seraient entrés au capital, ou envisageraient de le faire, pour soutenir Arnaud Lagardère dans son combat contre Amber Capital.

Sceptique, le marché pétrolier se stabilise

Sur le front pétrolier, « le marché n’est toujours pas convaincu par la décision de l’Opep ce weekend (coupe de 9,7 mbj de la production) et les prix du brut continuent de s’effondrer » note Stéphane Déo, qui relève que le cours du WTI est de nouveau passé sous le seuil des 20 dollars. À 18h15, les cours deux principales références mondiales de pétrole brut sont de nouveau légèrement dans le rouge (-1,12% à 27,38 dollars pour le Brent, -0,08% à 19,86 dollars pour le WTI).

Enfin, sur le marché des changes, le billet vert touche un plus haut d’une semaine face à la monnaie unique, qui lâche 0,68% à 1,0835 vers 18h15.