Carrefour lance une sélection de 200 produits à prix mini pour lutter contre l’inflation

Le numéro un européen de la grande distribution lancera son nouveau panier « essentiel et nutrition » dans les linéaires de ses 5 945 magasins français mercredi. Deux cents produits (100 « du quotidien », dont l’hygiène, et 100 autres labellisés « sains », avec un Nutri-Score A et B) sous les marques Carrefour et Simpl, à prix bloqués, du 15 mars au 15 juin. Un dispositif propre au groupe qui s’inscrit dans le cadre des « Initiatives pouvoir d’achat » imaginées par le géant des hypers.

Un mois de mars « rouge »

Si le projet d’un panier uniforme et commun à toutes les enseignes, évoqué dès décembre 2022 par la ministre des PME Olivia Grégoire, mais rejeté depuis par la plupart des distributeurs, a finalement été abandonné, chaque acteur du secteur retrouve la latitude de proposer le sien. Il y avait urgence : après une hausse continue des prix dans le secteur alimentaire depuis un an (qui a atteint le seuil spectaculaire de + 14,5 % en février), la fin des négociations tarifaires annuelles il y a quelques jours entre industriels – qui réclamaient des hausses de 10 à 15 % – et distributeurs provoquera mécaniquement une augmentation supplémentaire des prix. Au point que tous les dirigeants de la distribution alertent sur un mois de mars « rouge », malgré la baisse des coûts de l’énergie, des cours des matières premières (- 20 %) et des frais de transport (les prix des conteneurs ont été divisés par six).
Une envolée majoritairement due aux revendications des grandes multinationales de l’agroalimentaire, dont les demandes d’augmentation se situeraient autour de 20 %. Alors que les PME françaises du même secteur ont limité les leurs à des hausses comprises entre 5 et 8 %, selon plusieurs familiers de ces négociations.
Même le président de la République a pris part au débat en déclarant lors de l’inauguration du Salon de l’agriculture le 25 février que les distributeurs devraient « faire un effort sur les marges ». Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a pris le relais en organisant avec Olivia Grégoire des discussions à Bercy, déterminé à fédérer l’ensemble des enseignes pour que la mobilisation du secteur contre la hausse des prix soit perceptible par l’ensemble des Français.
« Nous avons trouvé un très bon accord avec le ministre, se félicite Alexandre Bompard, aux commandes de Carrefour depuis juillet 2017, qui s’était opposé comme plusieurs de ses concurrents à un panier imposé. Il a décidé de laisser à chacun la liberté de définir les opérations de son choix. Il était essentiel que tous les acteurs puissent s’engager en même temps, mais avec une pleine autonomie d’action. Le résultat en sera d’autant plus puissant. »

Des tables rondes avec des clients

Le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 42 milliards d’euros en 2022, avec notamment une augmentation de 4,4 % de ses ventes dans l’alimentaire, avait déjà mis en place plusieurs mesures anti-­inflation depuis un an. Parmi elles, un panier de 15 fruits et légumes vendus à moins de 1 euro, qui a donné « de très bons résultats » selon Alexandre Bompard. « La grande distribution a perçu le risque inflationniste très tôt, précise le PDG. Et nous avons été les premiers à lancer des initiatives concrètes dès la fin du printemps dernier. Mais nous franchissons un seuil supplémentaire avec ces 200 produits à prix plancher et bloqués pendant cent jours. »
Parmi la sélection des 100 produits « sains », des yaourts, des œufs, des légumes frais, en boîte ou surgelés, du pain, du lait ou de céréales. Du côté des 100 « commodités », de la lessive, des couches pour bébé, des pâtes à tartiner, de la farine ou des biscuits. Ils ont été choisis après l’organisation de centaines de tables rondes avec les clients de l’enseigne, pour « répondre au mieux à leurs attentes ».
« La fin des négociations avec les industriels laisse présager une augmentation supplémentaire, analyse le patron de Carrefour. C’est un nouveau choc violent pour les ménages les plus fragiles. Le niveau de l’inflation alimentaire va rester à deux chiffres jusqu’à cet été en s’élevant probablement au-dessus de celui atteint actuellement. » Chez Carrefour, la décision de retenir des produits au Nutri-Score A ou B traduit la volonté de ne pas sacrifier la qualité dans la lutte contre la hausse des prix : « Nous faisons tout pour que l’inflation ne soit pas synonyme de régression dans la qualité de l’alimentation. » Cette nouvelle offre représente un effort d’investissement de « plusieurs dizaines de millions d’euros », selon le PDG .

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