Carte bancaire, chèque, sans contact : quels sont les moyens de paiement les plus fraudés ?

L’Observatoire de la Banque de France dédié à la sécurité des moyens de paiement vient de publier son rapport couvrant l’année 2019. Voici le classement des principaux moyens de paiement selon leur exposition à la fraude.

Pour classer les différents moyens de paiement, nous avons regardé leurs taux de fraude, calculés en rapportant les montants détournés par les fraudeurs au volume global des paiements effectués. Une précision toutefois : un taux de fraude ne signifie pas forcément que l’usage de moyen de paiement en lui-même est risqué. Exemple : il n’est pas particulièrement dangereux de payer sur internet par carte bancaire, en particulier sur les grands sites d’e-commerce dont les systèmes de sécurité sont généralement solides. En revanche, les fraudeurs qui parviennent à récupérer des coordonnées de carte bancaire par d’autres moyens (hacking de sites, phishing, etc.) les utilisent plus souvent pour faire des achats en ligne qu’en magasin physique, tout simplement parce que c’est beaucoup plus simple.

1. Le virement SEPA (1 euro fraudé pour 166 660 euros payés)

Peu utilisé pour payer au quotidien (sauf certains achats de gros montants et remboursements de proches), le virement SEPA est de loin le moyen de paiement le plus imperméable à la fraude, avec un taux de 0,0006%, soit un euro fraudé pour 166 660 euros payés. Ce taux, toutefois, a tendance à augmenter. Et dans sa version instantanée, qui commence à se démocratiser, le virement SEPA est nettement plus exposé, comme on le verra plus loin.

2. La carte bancaire en points de vente (1 euro fraudé pour 10 000 euros payés)

Hors espèces, c’est de loin la méthode la plus fréquemment utilisée pour régler un achat en magasin : on arrive à la caisse, on sort sa carte bancaire, on l’introduit dans le terminal de paiement et on tape son code à 4 chiffres. Cela tombe bien : c’est aussi une des façons de payer qui génère le moins de fraude, avec un taux de 0,010%, soit un euro détourné pour 10 000 euros payés.

3. La carte bancaire sans contact (1 euro fraudé pour 5 260 euros payés)

2019 a été l’année du décollage définitif du paiement sans contact. Et ce pour au moins deux raisons : le fort taux d’équipement des consommateurs et des commerçants en cartes et terminaux de paiement compatibles, et la confiance croissante dans ce nouveau moyen de paiement. De fait, il génère peu de fraude : 1 euro tous les 5 260 euros payés, soit un taux très faible de 0,019%.

4. Le mobile (1 euro fraudé pour 5 000 euros payés)

Contrairement à la carte sans contact, le mobile est encore très loin d’avoir atteint le grand public. En 2019, seuls 4 paiements sur 1000 effectués en magasin l’ont été avec un smartphone. Le phénomène reste donc marginal. Cela ne l’empêche de croître à grande vitesse : 45,2 millions de transactions l’an dernier, 4 fois plus qu’en 2018. Ce n’est en tout cas pas la fraude qui freinera l’essor du paiement mobile. Elle est très rare : 1 euro fraudé tous les 5 000 euros dépensés, soit un taux de fraude de 0,02%, à peu près équivalent à celui du paiement sans contact par carte bancaire.

5. Le paiement instantané (1 euro fraudé pour 3 226 euros dépensés)

Pour la première fois, l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement a intégré cette année le virement SEPA instantané à son étude. Il faut dire que ce nouveau moyen de paiement – souvent appelé « paiement instantané » – commence à se démocratiser, et devrait rapidement toucher le grand public. Verdict : un taux de fraude de 0,031%, très supérieur à celui du virement classique, mais qui n’inquiète pas la Banque de France : « [Ce taux] reflète surtout une utilisation par les particuliers via des canaux de type banque en ligne ou mobile, plus vulnérables à la fraude que les systèmes télématiques utilisés par les entreprises », écrit l’institution. « À titre de comparaison, ce taux de fraude reste bien en deçà de celui des autres modes de paiement à distance utilisés par les particuliers, tels que la carte ou le chèque. »

6. Le chèque (1 euro fraudé pour 510 euros payés)

Comme en 2018, les chiffres du chèque ne sont pas bons. L’an dernier, les sommes détournées ont augmenté de 20%, pour atteindre 539 millions d’euros, malgré le recul de 9% de son usage. Résultat : son taux de fraude a atteint des sommets, à 0,066%. Ce qui signifie qu’un euro est capté par les fraudeurs tous les 1 510 euros payés. L’Observatoire fera l’an prochain des recommandations pour améliorer la sécurité du chèque. En attendant, soyez vigilants !

7. La carte bancaire à distance (1 euro fraudé pour 588 euros payés)

Sans surprise, la carte bancaire utilisée à distance, pour régler un achat sur internet ou par téléphone, reste le moyen de paiement le plus exposé à la fraude. Mais la situation s’améliore, note l’Observatoire : « Le taux de fraude sur les paiements à distance continue à se réduire pour la 8e année consécutive, à 0,170%, du fait d’un recours plus fréquent à l’authentification forte du payeur ». Et cela devrait encore se poursuivre l’an prochain, puisque cette authentification forte est appelée à se généraliser d’ici mars 2021.