Chine : à fond le Niger ! Pour pétrole et uranium

Décidément les matières premières du Niger semblent attirer les investisseurs – pour ne pas dire le convoitises – ces derniers temps … Alors que le géant français du nucléaire Areva est en pleine renégociation de ses contrats miniers, la Chine avance ses pions … tant dans le domaine de l’uranium … que du pétrole. Un contexte de nature à attiser les tensions dans le pays, la bataille faisant rage entre multinationales en vue d’obtenir l’accès à de bien stratégiques ressources. 

Le groupe pétrolier chinois China National Petroleum Corporation (CNPC) vient ainsi de s’engager à investir 100 milliards de F CFA (environ 150 millions d’euros) dans la construction d’infrastructures routières reliant la région de Diffa, au nord-est du Niger, au Tchad voisin.
Une décision qui fait suite à un accord établi en 2011 entre le Niger et CNPC portant sur la construction de 185 kilomètres de voies routières, les deux parties y trouvant intérêt, puisque l’entreprise chinoise y exploite le champ pétrolier d’Agadem.
Parallèlement, le Niger obtenait un prêt de 500 milliards de F CFA (environ un milliard de dollars) auprès de la banque d’import-export China Exim Bank. La manne pétrolière générée par la joint-venture établie entre l’État nigérien et China National Petroleum Corporation (CNPC) en vue d’exploiter le gisement d’hydrocarbures devant permettre de fournir les biens précis subsides nécessaires à son remboursement.

Le crédit a été négocié conformément au programme du pays avec le Fonds monétaire international, a tenu à préciser Amadou Boubacar Cisse, le ministre du Plan, de l’Aménagement du territoire et du Développement communautaire. Ce dernier ne fournissant toutefois plus ample information sur  l’allocation précise des fonds ni sur le taux d’intérêt pratiqué. Si ce n’est que le prêt avait été obtenu à des conditions favorables pour le Niger et que le remboursement se ferait sur une période de 25 ans, avec huit ans de différé.

Rappelons par ailleurs qu’en juillet 2012, le Niger avait pu obtenir une renégociation des termes d’un crédit de 980 millions de dollars accordés par la Chine en vue de financer la construction d’une raffinerie de pétrole dans le pays.
En avril 2011, le gouvernement nigérien avait pu obtenu un prêt préférentiel de 650 millions de yuan (environ 100 millions de dollars) à 15 ans, accordé par la banque chinoise. L’emprunt visant à développer la mine d’uranium d’Azelik, au nord du pays, là aussi dans le cadre d’un joint-venture avec China National Nuclear Corporation (CNNC).

Simple hasard de calendrier ? L’engagement de CNPC intervient quelques temps après l’annonce du gouvernement nigérien, en septembre dernier, du lancement d’un audit des mines d’uranium exploitées par Areva.
Or, parmi les éléments de négociations avec le géant du nucléaire français figure en bonne place la construction d’une nouvelle route reliant la ville de Tahoua, dans le centre du Niger, à la région minière d’Arlit, située à plus de 1 000 kilomètres au nord de Niamey, la capitale du pays.
« Les rapports de coopération entre le Niger et la Chine sont au beau fixe, et l’avenir de cette coopération sera beaucoup plus fructueux, mutuellement avantageux », a par ailleurs déclaré mardi à Niamey l’ambassadeur de Chine au Niger, Shi Hu.

Le diplomate chinois s’exprimant au cours d’une conférence de presse conjointement animée avec son Conseiller économique et commercial, Yao Guowei, à l’ambassade de Chine au Niger.
A cette occasion, il a tenu à rappeler qu’un hôpital général de 500 lits – le plus grand et le plus moderne de l’Afrique de l’Ouest selon lui – financé par la Chine pour un montant de 27 milliards FCFA était actuellement en chantier à Niamey.

« La réalisation de ce projet permettra, j’en suis convaincu, d’améliorer de façon substantielle les conditions médicales du Niger et marquera aussi un nouveau point de départ de la coopération entre nos deux pays dans le domaine de la santé », a ainsi déclaré M. Yao.
Précisant par ailleurs qu’à la « faveur » de cette coopération « gagnant-gagnant » avec la République Populaire de Chine, le Niger figurait depuis novembre 2011 parmi les pays producteurs et exportateurs de pétrole via la mise en service de la raffinerie de Zinder dans l’est du pays. Ajoutant que l’Etat nigérien disposait désormais « d’une industrie pétrolière complète, produisant un pétrole de haute qualité,  grâce au consortium chinois » CNPC. Rappelons à cet égard que les réserves de pétrole du Niger sont estimées à 480 millions de barils, le pays tablant sur une production de 20.000 barils par jour.
Le Conseiller économique et commercial chinois a également indiqué que la coopération sino-nigérienne couvrait des domaines comme l’agriculture, l’hydroélectrique, la construction des ponts et de routes, la télécommunication, les énergies, la santé, et la culture.
Ce qui au final permet à l’ambassadeur de Chine au Niger d’affirmer que la coopération sino-nigérienne se présente sous trois aspects : « assistance chinoise, prêts préférentiels et prêts commerciaux à taux avantageux. »

Sources : Reuters, Jeune afrique, Xinhua

Elisabeth Studer – 6 novembre 2013 – www.leblogfinance.com


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