Chine : la dévaluation du yuan, stratégie pour intégrer les DTS du FMI ?

Alors que la Chine a abaissé à trois reprises la semaine dernière le niveau de référence du yuan, accentuant chaque jour un peu plus la dévaluation  de la monnaie chinoise,   ces mesures  semblent avoir été prises de prime abord en vue de booster le commerce extérieur chinois. Et ce, d’autant plus que les exportations chinoises ont subi un net effondrement en juillet dernier.

A l’heure actuelle, la décision de la PBOC (Banque Centrale de Chine) a ravivé les inquiétudes sur la solidité de l’économie chinoise. De plus, l’affaiblissement du yuan n’a pas que des avantages pour l’Empire du Milieu alors que cela augmente de facto le coût de ses importations libellées dans d’autres devises, un contexte de nature à plomber sa demande.

Mais, selon certains analystes, cependant, le soutien à la compétitivité des exportations chinoises – face notamment aux Etats-Unis – n’est peut-être pas au final la priorité de la PBOC.

Son objectif premier pourrait d’agir afin que le yuan puisse rejoindre au plus tôt les grandes monnaies mondiales de référence. Rappelons en effet que la Chine souhaite à terme que le Fonds monétaire international (FMI) intègre la monnaie chinoise dans les Droits de tirage spéciaux (DTS), son unité de compte , lequel est actuellement composé de quatre devises (dollar, euro, livre et yen).

Le Fonds doit se prononcer à ce sujet en novembre prochain. Il a d’ores et déjà posé ses conditions pour ce faire en exigeant que le yuan suive les fluctuations du marché et soit « librement utilisable ».

La semaine dernière, le FMI a salué quant à lui comme une « étape positive » les mesures de la PBOC, tenant toutefois à préciser que ces dernières n’auraient pas « d’implication directe » sur sa décision concernant les DTS.

Les Etats-Unis ont pour leur part commenté la dévaluation de manière prudente. Si cette dernière risque de plomber leurs exportations, elle répond en partie à leurs exigences sur une convertibilité plus libre du yuan. On ne peut pas tout avoir …

En mai dernier, le Wall Street Journal (WSJ) indiquait pour sa part que le Fonds monétaire international (FMI) s’apprêtait à modifier sa position sur le yuan, la devise chinoise, affirmant désormais l’avoir jugé « sous évalué » depuis une décennie.

Sans toutefois mentionner ses sources, le WSJ indiquait également que l’institution devrait indiquer dans ses prochains rapports sur la Chine – lesquels devraient être publiés dans les jours qui suivent – que le yuan ou renminbi (nom officiel de la devise chinoise) évoluait à sa « juste valeur ».

Jusqu’à présent, les Etats-Unis et nombre de pays occidentaux considéraient que le yuan était nettement sous-évalué, le phénomène étant selon eux le résultat d’une stratégie de la Chine, visant à favoriser ses exportations.

Washington avait souligné précédemment les progrès réalisés, constatant que la monnaie chinoise avait vu son appréciation s’accroître de 30% depuis 2010.

Il est vrai que durant les premiers mois de l’année, Pékin a délibérément conduit à une appréciation de sa devise, la stratégie de sous-évaluation monétaire n’apportant pas que des avantages.

Selon le journal anglo-saxon, la nouvelle position du FMI pourrait être motivée par la pression exercée par le syndicats US auprès du Congrès américain en vue d’imposer des clauses sanctionnant le dumping monétaire dans le traité de libre-échange trans-Pacifique (TPP). Lequel devrait rassembler 12 pays, à l’exception de la Chine.

Opposée à de telles clauses, la Maison Blanche a notamment fait valoir que la politique monétaire américaine pourrait aussi être contestée par ses partenaires, dans l’éventualité où elle entraînerait une variation du dollar que certains pays pourraient estimer dommageable.

Si le FMI allait plus en avant dans ce sens, la Chine se verrait confortée dans ses ambitions de développer l’usage du yuan à l’étranger.

Sources : AFP, Les Echos, WSJ

Elisabeth Studer  – 17 août 2015 – www.leblogfinance.com

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