Comment les deux-roues électriques ont révolutionné les grandes villes

Parmi les millions de deux-roues qui circulent aujourd’hui dans les villes chinoises, beaucoup sont électriques. Cette évolution de la mobilité urbaine touche aussi l’Occident. Le phénomène explose aux Etats-Unis et commence à arriver en Europe. Aux Pays-Bas, près d’un tiers des deux-roues vendus en 2017 étaient électriques. En Allemagne, ils représentaient 15 % des ventes en 2016. Comme les vélos électriques sont chers à l’achat autour de 2 000 euros , la location et le leasing sont en plein boom.

Lancées en Californie, les locations de trottinettes électriques sont en forte progression aux Etats-Unis. Créé il y a moins d’un an, Bird Rides est déjà évalué à 2 milliards de dollars. Lime, son rival chinois, l’a devancé en Europe en s’implantant à Paris ce mois-ci. Et le déferlement des deux-roues électriques devrait s’accélérer. En avril, Uber a acheté Jump, une start-up de vélos en libre-service. Et Lyft devrait acquérir Motivate, qui loue aussi des vélos.

Nouvelles réglementations

De part et d’autre de l’Atlantique, les deux-roues électriques soulèvent trois grandes questions : comment les réglementer ? leur modèle économique sera-t-il durable ? que devien-nent les données qu’ils génèrent ? La nécessité d’une réglementation apparaît clairement quand on se promène dans le Vondelpark d’Amsterdam : le tourbillon des cyclistes ressemble à un chaos. Les accrochages restent rares, mais ils augmentent. Un quart des accidents mortels à vélo en 2017 aux Pays-Bas concernaient des vélos électriques. La loi néerlandaise impose désormais une assurance et le port du casque sur les deux-roues excédant 25 kilomètres-heure. Les plus rapides doivent être immatriculés.

Les vélos en libre-service posent aussi problème. A Amsterdam, l’an dernier, des milliers de bicyclettes étaient abandonnées dans les rues ; le conseil municipal les a fait ramasser et a interdit temporairement ce type de service. Après la levée de l’interdiction, leur nombre sera probablement limité à 9 000.

La deuxième question est de savoir qui va gagner de l’argent avec les deux-roues électriques, et combien. Le conglomérat allemand Bosch fournit moteurs, ordinateurs de bord et packs de batterie le composant offrant la plus forte marge à plus de 70 marques de vélos électriques. Le chinois Ninebot, qui possède également les transporteurs personnels Segway, est le Bosch des trottinettes électriques. Celles-ci sont extrêmement rentables. Pour attirer les investisseurs, Bird et Lime leur expliquent qu’une trottinette s’amortit en dix à quatorze jours. Si 2 millions de trottinettes étaient déployées aux Etats-Unis, les recettes pourraient avoisiner les 15 milliards de dollars annuels. Les probables gagnants seront les entreprises proposant le plus vaste éventail de modes de transport. Outre les trottinettes, Lime loue des vélos et des vélos électriques. Certains estiment que les plateformes comme Uber et Lyft l’emporteront en élargissant leurs prestations à la location de deux-roues électriques.

Des données à rentabiliser

Tout cela soulève la question de l’utilisation des données générées par ces véhicules. Pour l’instant, Bird, Lime et les autres s’en servent pour améliorer leur service. Mais elles pourraient être rentabilisées. Le pionnier chinois des vélos en libre-service Ofo envisage de les vendre à des promoteurs et commerçants locaux. Lime pense que ses trottinettes pourraient un jour devenir des capteurs mobiles amassant des données sur la pollution, le trafic et autres. Une chose est sûre : les deux-roues électriques ne sont pas près de disparaître de nos rues.

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