Contrat militaire USA / Arabie saoudite, quand les banques US financent austérité et armement..

Décidément avec Donald Trump, le secteur militaire a le vent en poupe !!! On nous disait l’Arabie saoudite confrontée à de graves problèmes budgétaires … et pourtant. A premier jour de la visite du président américain, samedi, à Ryad, un responsable de la Maison Blanche a annoncé la signature de contrats de ventes d’armements d’une valeur de 110 milliards de dollars au royaume saoudien. Histoire de redorer au passage le blason bien terni du milliardaire, il s’agit d’une prise de choix lors la première visite de Donald Trump à l’étranger en tant que chef de l’Etat.

Le responsable a tenu à rappeler à cette occasion que l’Arabie saoudite était un allié traditionnel des Etats-Unis. Sans fournir de plus amples éléments concernant ces accords, il a toutefois ajouté que ces contrats visaient à « soutenir la sécurité à long terme de l’Arabie saoudite et de la région du Golfe face aux menaces iraniennes ». Des propos qui interviennent le jour même où l’Iran invitait les électeurs à élire son prochain président.

Un des arguments invoqués : selon lui, ses achats renforceront la « capacité du royaume à contribuer aux opérations de contre-terrorisme à travers la région, ce qui réduira le fardeau pour l’armée américaine ». Histoire peut-être de tenter de calmer les critiques que pourraient susciter ces ventes à un pays controversé. Vous l’aurez compris, selon le responsable, cette transaction devrait permettre de réduire les dépenses militaires US. Décidément, l’ère est au business et à la rentabilité avec Donald Trump …

Mettant en avant les relations qui lient les deux pays, la Maison Blanche a également a indiqué que les contrats militaires marquaient « un important développement dans une relation de sécurité, longue de plus de sept décennies entre les Etats-Unis et le royaume saoudien ». Quelques heures plus tôt, lors d’un Forum de chefs d’entreprises américaines et saoudiennes se tenant à Riyad, avait été également annoncé un projet d’accord portant sur un investissement de 6 milliards de dollars pour l’assemblage en Arabie saoudite de 150 hélicoptères Blackhawk de Lockheed Martin.

Le royaume sunnite, un des principaux acheteurs d’armes au monde, est l’un des partenaires clé des Etats-Unis dans la région, face à l’Iran et dans la lutte contre le groupe Etat islamique (Daesh) en Syrie et en Irak. Ses besoins militaires ne font que croître en raison de son engagement depuis 2014 dans la guerre au Yémen entre forces pro-gouvernementales et rebelles Houthis soutenus par Téhéran. Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), Ryad a été en 2016 le quatrième importateur d’armes au monde avec 63,7 milliards de dollars.

Reste tout de même que le budget de l’Etat a repris quelques couleurs durant le 1er trimestre 2017, mais aux dépens des saoudiens … Alors que jusqu’à présent, le premier exportateur de pétrole au monde table sur un déficit de 53 milliards de dollars pour 2017, la semaine dernière le ministre saoudien des Finances a annoncé que le déficit budgétaire de l’Arabie saoudite avait été réduit de 71% au premier trimestre à 26 milliards de riyals (6,37 milliards d’euros). Une annonce qui intervient alors que le pays est engagé dans une politique d’austérité depuis quelques mois suite à la dégringolade des cours du pétrole.

Les revenus ont atteint 144 milliards de riyals (35,28 milliards d’euros), les dépenses plafonnant parallèlement à 170 millions de riyals (41,65 milliards d’euros). Les seuls revenus pétroliers ont atteint 112 milliards de riyals (27,45 milliards d’euros) au premier trimestre avec un taux de progression de 115%, une performance obtenue grâce à la remontée des prix du baril. Durant la période, les revenus non pétroliers ont totalisé 32 milliards de riyals (7,8 milliards d’euros), en très légère progression (+1%) par rapport à la même période de l’année 2016. En vue d’expliquer le recul du déficit budgétaire, le ministre saoudien des Finances avait mentionné outre la hausse des revenus, notamment pétroliers, une baisse des dépenses.

Alors que l’Arabie saoudite vient donc de signer un contrat de 110 milliards de dollars … en septembre 2016, dans le cadre de mesures d’ austérité, les autorités ont gelé  les salaires, limitant en parallèle les primes et les indemnités des fonctionnaires, lesquels constituent l’essentiel de la main d’oeuvre. Face au mécontentement des fonctionnaires qui en a découlé, le roi Salmane a toutefois décidé  de restaurer leurs avantages en avril 2017.

Pour rappel, en 2016, le royaume s’est lancé dans un vaste programmes de réformes économiques, appelé « Vision 2030″, destiné en grande partie à atténuer sa dépendance vis à vis du pétrole, alors que son économie est basée à l’heure actuelle sur les revenus pétroliers.

Pour financer ce programme, les autorités saoudiennes vont proposer en Bourse 5% du géant pétrolier Aramco et emprunter sur le marché financier international. Via des banques américaines, allez savoir ? … le cas échéant, cela serait donc au final un joli coup pour les Etats-Unis. Qui via des banques US prêteraient donc au royaume saoudien de l’argent … pour qu’il puisse acquérir de l’armement auprès de firmes américaines. Quant à la part d’Aramco qui sera proposée en Bourse, il se pourrait qu’elle tombe dans l’escarcelle de majors pétrolières US …

Précisons enfin, qu’en octobre dernier, l’Arabie saoudite a levé sans difficulté 17,5 milliards de dollars, il s’agissait alors de son premier emprunt sur le marché international. Le 13 avril dernier, le royaume a annoncé avoir levé 9 milliards de dollars (8,45 milliards euros) pour sa première émission d’obligations islamiques, ou « sukuks ».

Sources : AFP, Reuters