Coronavirus: G7 et banques centrales mobilisées, la croissance mondiale menacée

Les banquiers centraux et ministres des Finances du G7 vont s’entretenir mardi au téléphone pour coordonner leur action face à l’impact du nouveau coronavirus, qui menace de freiner brutalement l’économie mondiale.

Selon l’OCDE, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,4% cette année, et l’économie planétaire pourrait même connaître une récession au premier trimestre à cause de l’épidémie.

En novembre, l’OCDE estimait encore à 2,9% la hausse du produit intérieur brut (PIB) mondial cette année, un niveau qui était déjà le plus faible depuis la crise financière de 2008-2009.

L’OCDE, première grande institution internationale à publier une prévision d’impact économique de l’épidémie, précise que son scénario principal est celui d’une crise sanitaire atteignant son pic en Chine durant le premier trimestre 2020 et pour laquelle les foyers dans d’autres pays restent contenus.

Mais une épidémie plus durable et étendue diviserait par deux la croissance mondiale cette année, qui pourrait alors tomber à 1,4%, avertit l’organisation.

Pour éviter ce scénario catastrophique, les banquiers centraux et ministres des Finances du G7 s’entretiendront mardi par téléphone, afin de coordonner leur action. Selon le département américain au Trésor, cette réunion aura lieu à 12H00 GMT.

Dès lundi soir, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) Christine Lagarde a fait savoir qu’elle était « prête à prendre les mesures appropriées ». Le conseil des gouverneurs en discutera « le 12 mars », lors de sa traditionnelle réunion de politique monétaire, selon une source proche de la BCE.

– Quelles mesures ? –

Dans ce contexte singulier, puisque les banques centrales réagissent d’ordinaire aux crises financières plutôt qu’à une épidémie aux conséquences incertaines, les analystes envisagent plusieurs hypothèses: nouvelle baisse du taux appliqué aux dépôts des banques, augmentation du rythme mensuel des rachats d’actifs repris en novembre, prêts géants aux banques à des conditions très favorable.

Côté britannique, le ministre des Finances s’est dit aussi « prêt à annoncer les soutiens ultérieurs qui seront nécessaires ». Et en Australie, la banque centrale a abaissé mardi son taux directeur d’un quart de point à 0,50%, un niveau historiquement bas.

Vendredi déjà, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) avait assuré que l’institution se tenait prête à intervenir si nécessaire.

Après la baisse la plus violente depuis 12 ans sur les indices des bourses occidentales la semaine dernière, les marchés s’attendent désormais à ce que les banques centrales montent au créneau.

Wall Street a d’ailleurs spectaculairement rebondi lundi soir, le Dow Jones finissant en hausse de 5,09%. Et si la tendance était mitigée mardi sur les Bourses asiatiques, les places européennes ont elles aussi démarré nettement dans le vert.

La Banque des règlements internationaux (BRI) – la banque centrale des banques centrales – estime que le système financier est plus solide qu’en 2008, mais avertit que les espoirs de reprise rapide sont désormais « grossièrement irréalistes ».

– Une économie mondiale déjà fragile –

Car la Chine, moteur de l’économie mondiale, verra sa croissance ramenée à 4,9% cette année, si l’épidémie y atteint son pic avant fin mars. Et elle entraînera dans son sillage toutes les grandes économies, avertit l’OCDE, avec une croissance japonaise ramenée à 0,2% et une croissance américaine à 1,9%.

Pour la zone euro, la croissance plafonnera à 0,8%, et à 0,9% pour la France, tandis qu’elle sera nulle en Italie, principal foyer de Covid-19 en Europe. Le PIB allemand n’augmentera plus que de 0,3%.

La Chine héberge aujourd’hui plus de 20% de l’industrie mondiale, contre moins de 8% en 2002, un an avant l’épidémie de SRAS, tandis que sa part dans le PIB mondial est passée de 6% à plus de 16%.

Le coronavirus frappe au moment où la croissance mondiale se trouve déjà affaiblie par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Malgré l’accord trouvé au mois de janvier par les deux premières économies de la planète, « les droits de douane entre les deux pays demeurent nettement plus élevés qu’il y a deux ans », relève l’OCDE.

L’organisation a par ailleurs fortement revu à la baisse la croissance de l’Inde, de 6,2% à 5,1% pour 2020, et de 6,4% à 5,6% pour 2021, en raison notamment d’un trop fort endettement des entreprises qui pèse sur l’investissement.

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