Des journalistes de Bloomberg accusés d’espionner des financiers

Bloomberg assume totalement la faute. Ce sont des excuses en bonne et due forme que le rédacteur en chef de l’agence de presse financière a publiées, lundi 13 mai, sur son site Internet. « Nos reporters n’auraient pas dû avoir accès à des données considérées comme privées. Je suis désolé qu’ils l’aient fait. Cette erreur est inexcusable », a ainsi écrit Matthew Winkler.

Les excuses de Bloomberg

Espionnage de Goldman Sachs et JP Morgan ?

Ce mea-culpa fait suite au scandale qui éclabousse depuis plusieurs jours le célèbre organe de presse spécialisé dans l’actualité économique. Bloomberg est accusé d’avoir permis à ses journalistes d’accéder à des données informatiques sur ses clients et notamment sur leurs accès à ses terminaux boursiers qui leur permettent de suivre les cours des actions et de passer des opérations.

L’affaire est sortie le 10 mai dans les colonnes du . Selon le journal, la banque Goldman Sachs aurait découvert que certains de ses employés avaient été espionnés par des reporters. La banque américaine a été alertée après qu’une journaliste de Bloomberg eut posé de nombreuses questions sur le départ de l’un de leur associé. Cette dernière avait notamment souligné « qu’il ne s’était pas connecté à son terminal Bloomberg depuis quelque temps », décrit le « New York Post ».

D’après le , des journalistes se seraient aussi servis de leur accès pour enquêter sur l’affaire de la Baleine de Londres. Ce scandale révélé à l’été 2012 avait entraîné la perte de 6 milliards de dollars pour JP Morgan , la première banque d’investissements américaine.

« Des employés de JP Morgan pensent que les journalistes de Bloomberg ont utilisé des données de connexion pour déterminer si Bruno Iksil, le trader connu sous le nom de la Baleine de Londres, avait quitté la banque », décrit le « Financial Times ».

La FED s’en mêle

Très inquiètes de voir ainsi leurs informations détournées sur les terminaux de Bloomberg, les deux banques concernées se sont plaintes auprès de l’agence de presse. En réponse, le groupe a indiqué avoir pris des mesures restrictives en bloquant l’accès de ses 2 400 journalistes à certaines données sur ses terminaux boursiers.

Mais l’affaire ne fait que commencer. La Réserve fédérale américaine (FED) a annoncé samedi avoir lancé sa propre investigation sur ce mélange des genres. De hauts responsables de l’économie américaine auraient en effet aussi été espionnés comme le président de la FED, Ben Bernanke, et l’ancien secrétaire au Trésor, Tim Geithner.

Mauvais coup marketing

Le a également apporté lundi d’autres accusations contre Bloomberg. Après avoir interrogé d’anciens employés, le quotidien américain affirme que la direction de l’agence de presse incitait ses journalistes à profiter des informations disponibles grâce aux terminaux boursiers et les avaient même entraînés pour le faire.

Ce nouvel élement ne fait qu’aggraver la mauvaise publicité autour de Bloomberg. Le groupe américain peut difficilement se passer de son activité consacrée aux terminaux boursiers. Il facture en effet cet abonnement 20 000 dollars par an et par terminal à ses 315 000 clients. En 2012, cela correspondait à 85 % des 8 milliards de dollars de chiffres d’affaires du groupe.


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