Deutsche Bank se retire du processus de fixation du prix de l’or et de l’argent

Simple coïncidence ? Alors qu’en novembre dernier, l’autorité allemande des marchés financiers, le Bafin, avait déclaré enquêter depuis plusieurs mois sur les modalités de fixation des prix de l’or et de l’argent à Londres, la première banque allemande, Deutsche Bank, vient d’annoncer son intention de se retirer du processus de fixation des cours de ces métaux précieux sur les marchés mondiaux.

Arguments invoqués par l’établissement financier : « la réduction significative » de ses activités dans les matières premières.

Deutsche Bank a par ailleurs tenu à préciser demeurer « pleinement impliqué » dans ses activités de métaux précieux. Début décembre, l’établissement allemand avait toutefois annoncé qu’il réduisait fortement ses activités de trading de matières premières. Décision – motivée selon ses propres dires par une augmentation des contraintes réglementaires dans ce domaine – entraînant la fermeture de ses bureaux de courtage dans l’énergie, l’agriculture, les métaux de base et le vrac sec.

Rappelons que les prix de l’or sont fixés deux fois par jour au cours d’une téléconférence entre cinq banques : Bank of Nova Scotia, Barclays, HSBC, Deutsche Bank et la Société Générale.
Les prix de l’argent sont fixés quant à eux sur le même modèle par Deutsche Bank, HSBC et Bank of Novia Scotia.

Notons également que les prix de l’or et de l’argent établis à Londres servent de référence au reste des marchés liés aux métaux précieux.

La décision de Deutsche Bank intervient moins de deux mois après l’annonce du Bafin faisant état d’une enquête en vue de détecter d’éventuelles manipulations sur les méthodes de fixation des prix de l’or et de l’argent à Londres. « Le Bafin étudie, outre le Libor et l’Euribor, d’autres processus de fixation des prix comme ceux de l’or et de l’argent par quelques banques », avait ainsi expliqué le gendarme allemand de la Bourse dans un communiqué.

« Cette enquête dure depuis quelques mois et se poursuit », avait ajouté le Bafin, sans toutefois préciser le nom des banques concernées par cette investigation.

Le porte-parole de l’autorité allemande des marchés avait alors indiqué que d’autres enquêtes étaient en cours au Royaume-Uni et aux États-Unis, sans fournir plus de détails.

En mars 2013, le Wall Street Journal avait affirmé que le régulateur américain des marchés dérivés, la CFTC, se penchait également sur la fixation des prix de l’or et de l’argent à Londres, s’interrogeant sur leur éventuelle vulnérabilité face à une manipulation.

Précisons que ces actions des autorités des marchés financiers font suite au scandale du Libor, l’un des taux servant de référence aux prêts inter-bancaires. Rappelons que ce dernier est fixé à Londres sur la base de taux communiqués par un panel de banques internationales.

Des enquêtes des régulateurs britanniques et américains avaient permis de mettre avant les méthodes mises en œuvre par les traders au sein des banques en vue de manipuler les taux communiqués au panel.

Ces dernières années, plusieurs organisations non gouvernementales et participants au marché ont accusé les grandes banques d’investissement de manipuler activement les prix de référence de l’or et l’argent.

Les ONG comme le Gold Anti-Trust Action Committee (GATA) ont certes à maintes reprise exhorté les régulateurs à enquêter sur les marchés de l’or, mais seul le scandale lié au LIBOR leur aura permis d’obtenir gain de cause.

Sources : AFP, Goldbroker.com

Elisabeth Studer – www.leblogfinance.com  – 19 janvier 2014


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