Devises et taux : BANCO POPULAR ESPAÑOL S.A. : Santander sauve Banco Popular de la faillite

(Actualisé avec des précisions, cours de Bourse)

par Francesco Canepa et Jesús Aguado

MADRID/FRANCFORT, 7 juin (Reuters) – Banco Santander , la première banque espagnole, a annoncé mercredi qu’elle allait racheter pour un euro symbolique sa concurrente Banco Popular, que les autorités européennes jugeaient au bord de la faillite.

Santander lancera par ailleurs une augmentation de capital de l’ordre de sept milliards d’euros afin de couvrir les provisions et le capital nécessaires au redressement de Popular.

Cette initiative prise en toute hâte, qui fait suite à une déclaration de la Banque centrale européenne (BCE) selon laquelle Popular risquait la liquidation, est la première mise en pratique d’une nouvelle méthode de traitement des banques en grande difficulté adoptée à la suite de la crise financière.

Banco Popular, sixième banque d’Espagne, avait subi des retraits de dépôts qui n’avaient fait qu’aggraver ses difficultés financières pour déboucher finalement sur sa vente, une opération qui ne se fera pas sans pertes pour ses actionnaires et certains de ses créanciers.

Les créanciers obligataires prioritaires sont épargnés mais les pertes s’élèvent à deux milliards d’euros pour les détenteurs d’obligations AT1 et AT2, les actionnaires eux perdant tout.

« La décision prise aujourd’hui préserve les déposants et les fonctions essentielles de Banco Popular », a dit dans un communiqué Elke König, la présidente du Conseil de résolution unique (CRU), un organisme de l’Union européenne chargé de la liquidation des banques défaillantes.

La BCE a conclu de la dégradation significative de la situation de liquidité de la banque ces derniers jours que celle-ci aurait été incapable, dans un proche avenir, de payer ses dettes ou tout autre passif à échéance.

Tranchant avec la crise bancaire de 2008, l’initiative espagnole a été reçue dans le calme sur les marchés et les actions bancaires européennes ont monté.

PROVISIONS DE €7,9 MILLIARDS

Le ministre espagnol de l’Economie, Luis de Guindos, a jugé que la reprise de Popular par Santander était une bonne chose, qu’elle n’aurait aucun impact sur les finances publiques et il a laissé entendre que le cas Popular resterait isolé.

Ana Botin, présidente de Santander, a dit que l’opération étendrait le rayon d’action du groupe bancaire qui profiterait de l’amélioration de la situation économique de l’Espagne mais aussi du Portugal.

Ployant sous 37 milliards d’euros de créances immobilières douteuses et irrécouvrables, héritage de la crise financière qui avait touché l’Espagne, Banco Popular a vu son action chuter de plus de moitié après que le CRU a fait savoir que la banque risquait la liquidation si elle ne trouvait pas un repreneur.

Le ratio des créances douteuses de Popular représente le triple environ de la moyenne de ses concurrentes.

La banque avait été l’une des rares à être jugée vulnérable à une situation économique extrême lors d’une simulation opérée l’été dernier par l’Autorité bancaire européenne (ABE).

Santander, qui n’avait jusque là repris aucun canard boiteux durant la crise bancaire espagnole, a dit que l’acquisition de Popular accélérerait la croissance et la génération de bénéfices à partir de 2019.

Elle a ajouté qu’elle constituerait pour 7,9 milliards d’euros de provisions destinées à couvrir le passif douteux ou irrécouvrable et qu’elle confirmait ses objectifs financiers de 2017 et de 2018.

Santander ajoute que l’opération, qui devrait être neutre sur son ratio de fonds propres CET1, devrait produire des synergies annuelles de l’ordre de 500 millions d’euros à partir de 2020.

Popular avait constitué l’un des portefeuilles de crédits aux PME les plus étoffés d’Espagne et Santander a fait savoir qu’elle serait dorénavant leader de ce segment avec une part du marché local de 25%.

L’action Santander a ouvert en baisse de 3% en Bourse de Madrid et perdait encore 2,8% vers 10h00 GMT. (Avec Andrez Gonzalez, Jose Elias Rodriguez et Angus Berwick à Madrid et Jan Strupczewski et Francesco Guarascio à Bruxelles, Hélène Durand à Londres, Wilfrid Exbrayat pour le service français)

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