Devises et taux : ENQUETE : La BCE devrait annoncer en octobre une réduction du QE

par Shrutee Sarkar et Rahul Karunakar

BANGALORE, 15 septembre (Reuters) – La Banque centrale européenne annoncera en octobre une prolongation de six mois de son programme d’assouplissement quantitatif (QE) mais elle réduira dès le mois de janvier à 40 milliards d’euros le montant mensuel de ces rachats d’actifs, pensent les économistes interrogés par Reuters.

La zone euro connaît sa plus forte croissance économique depuis la crise financière mondiale de 2007-2009, ce qui incite à penser que la BCE va commencer à réduire son QE après avoir injecté depuis mars 2015 plus de 2.000 milliards d’euros sur les marchés financiers via ses rachats d’actifs.

D’après l’enquête conduite du 11 au 14 septembre par Reuters, les économistes s’attendent à ce que le redressement de l’activité se poursuive dans la zone euro au cours de l’année à venir. L’inflation ne devrait toutefois pas atteindre avant 2019 au mieux l’objectif de la BCE d’une hausse des prix proche de 2%.

L’amélioration des perspectives économiques de la zone euro s’accompagne cependant d’un raffermissement de l’euro susceptible de limiter l’inflation importée, ce qui complique l’équation pour l’institut de Francfort.

Mario Draghi, le président de la BCE, a dit ce mois-ci que la Banque centrale européenne réfléchissait aux modalités d’une réduction de ses rachats d’actifs, censés expirer en décembre, et qu’elle arrêterait probablement un plan en octobre.

Les économistes sont désormais quasiment unanimes à penser qu’une décision sera effectivement prise le mois prochain. Sur 52 économistes interrogés, seuls deux pensent que la BCE attendra le mois de décembre.

Parmi les 39 économistes ayant répondu à une question sur le sujet, le consensus veut que la BCE annoncera une prolongation de six mois de son QE, les prévisions s’étalant de trois à 12 mois.

UNE SORTIE COMPLÈTE DU QE ATTENDUE D’ICI FIN 2018

“L’exercice délicat pour la BCE consiste à annoncer effectivement qu’elle va continuer à effectuer des rachats en 2018 mais qu’elle va progressivement les réduire”, dit Peter Vanden Houte, chef économiste d’ING Financial Markets pour la zone euro. “Elle doit le présenter de telle manière à ce que ce soit perçu par les marchés comme une posture accommodante et pas dure.”

La décision de réduire les rachats d’actifs relève aussi de la nécessité car la BCE a déjà mis la main sur une grande partie du marché de la dette souveraine dans la zone euro.

“Une poursuite du QE sous une forme inchangée en 2018, selon les rumeurs qui circulent depuis quelques trimestres, ne semble pas être une option (..) car la rareté de l’offre obligataire représente une forte contrainte technique pour le programme QE”, souligne Marius Gero Daheim, chez SEB.

A la question portant sur le montant mensuel des rachats d’actifs à partir de janvier, la réponse médiane des économistes a été 40 milliards d’euros. Ils sont actuellement de 60 milliards d’euros. Les estimations vont de 30 à 50 milliards d’euros.

Quant au calendrier, 31 économistes sur 33 pensent que la BCE mettra fin complètement à son programme d’assouplissement quantitatif d’ici la fin de l’année prochaine. Parmi eux, six pensent même qu’elle pourrait cesser ses rachats dès le premier semestre. Les deux derniers pensent en revanche qu’elle sortira du QE au cours de l’année 2019.

La plupart des économistes pensent que la BCE a raison de dégonfler progressivement ses rachats d’actifs mais une vaste majorité d’entre eux prédit qu’elle ne touchera pas à ses taux d’intérêt d’ici fin 2018. (Bertrand Boucey pour le service français)

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