Devises et taux : La BCE sera « prudente » sur les NPL après la sortie italienne

par Francesco Canepa

FRANCFORT, 26 octobre (Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) s’emploiera à réduire la masse des 843 milliards d’euros de créances douteuses (NPL) de la zone euro mais avec prudence, l’Italie ayant mis en avant les dangers de la manoeuvre pour l’économie, a déclaré jeudi son vice-président Vitor Constancio.

Des propos salués par Giovanni Sabatini, administrateur délégué de la fédération bancaire italienne (ABI), qui estime que Constancio a apporté un nouvel éclairage sur les nouvelles directives qui s’appliqueront aux créances douteuses ou irrécouvrables.

Constancio soutient ces dernières, qui obligeront les banques à constituer de nouvelles provisions pour ces créances, qui plombent le secteur bancaire italien notamment, mais il a dit qu’elles seraient « différentes » et « prudentes ».

« Nous sommes bien sûr très prudents parce qu’on ne traite pas de la même manière les nouvelles créances douteuses et l’ensemble de l’encours », a expliqué Constancio, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion de politique monétaire de la BCE.

La BCE compte donner sept années aux banques pour provisionner les nouvelles créances douteuses garanties et deux ans pour les créances non garanties et pour Constancio, ces conditions sont « raisonnables » et conformes aux nouvelles normes comptables.

Mais ces nouvelles dispositions seront appliquées avec souplesse et « se conformer à ces objectifs s’appuiera sur un dialogue avec les autorités de supervision ». « Les banques pourront expliquer qu’en dépit de tous leurs efforts pour se mettre en conformité, elles n’y sont pas parvenues », a dit Constancio.

L’Italie craint que ses banques réduisent sensiblement le crédit si on leur demande de constituer encore des provisions sur ces nouvelles créances douteuses. Certaines risqueraient même de devoir augmenter leur capital, une perspective à laquelle ont échappé Monte dei Paschi di Siena et deux banques régionales dans la mesure où c’est l’Etat qui a volé à leur secours.

La BCE doit à présent présenter d’ici mars un ensemble de propositions sur les provisions constituées sur l’encours actuel des prêts non performants, une question encore plus épineuse pour l’Italie qui concentre à elle seule le quart de l’encours total de la zone euro.

Les experts de la BCE travaillaient sur des hypothèses proches des directives gouvernant les nouvelles créances douteuses mais ils doivent à présent en formuler d’autres après le coup de sang transalpin, avaient expliqué des sources à Reuters la semaine dernière.

L’encours des créances douteuses et irrécouvrables des banques italiennes a diminué de 50 milliards d’euros à 212 milliards sur une période de trois mois au 30 juin, suivant les statistiques trimestrielles de la BCE publiées cette semaine.

C’est une baisse sans équivalent dans aucun autre pays de la zone euro, que ce soit en termes absolus ou relatifs.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)

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