Doux  plumé par la grippe aviaire et la concurrence du Brésil

Si on avait pu espérer que le volailler Doux  puisse se refaire une santé après son rachat – intervenu en mars 2016 – par le groupe coopératif agricole Terrena, il n’en est rien.

La fédération FGTA-FO, premier syndicat de la grande distribution a indiqué en effet jeudi, alarmiste, que la société vivait à nouveau des heures difficiles, qualifiant même sa situation d’ »extrêmement préoccupante ».

Dans un communiqué, la fédération a par ailleurs précisé que les pertes financières du groupe Doux étaient considérables. L’entreprise serait en effet désormais lourdement impactée par la grippe aviaire, laquelle est à l’origine d’une véritable crise de confiance de la part des acheteurs du Moyen-Orient.

En février dernier, le roi d’Arabie saoudite, Salmane ben Abdelaziz al-Saoud, a été sensibilisé par Jean-Yves Le Drian – alors ministre de la Défense et président du conseil régional de Bretagne et désormais chef de la diplomatie française – sur le dossier du volailler Doux, implanté dans le Finistère.

En octobre 2014, que salariés et politiques avaient salué avec quelque soulagement l’entrée au capital de Doux du groupe alimentaire saoudien Almunajem, distributeur exclusif de Doux dans le royaume et partenaire du groupe breton via la conversion d »une créance en prise de participation.  Almunajem avait alors a décidé de convertir sa créance et de souscrire à une augmentation de capital, représentant in fine 25% du capital du volailler.  Lequel  réalisait à cette date 80% de son chiffre d’affaires à l’international, tout particulièrement dans les pays du Golfe. L’Arabie saoudite est le principal pays client des poulets français (40,8 % des exportations en 2011 selon FranceAgrimer), devant le Yémen (10,4 %), la Russie (6,6 %) ou le Bénin (6,6 %).

Le soulagement était d’autant plus grand qu’il intervenait après les nombreuses incertitudes qui ont entouré la participation effective du groupe saoudien. L’opération confirmait alors la véritable renaissance industrielle du groupe breton. Placé en redressement judiciaire en 2012 et fortement endetté, Doux avait bien failli disparaître. Après avoir supprimé un millier d’emploi, il avait par la suite présenté un plan de continuation de son activité.

Mais, à la fin de ce mois de novembre 2013, les syndicats du volailler avaient indiqué que Almunajem n’entrerait pas au capital du groupe breton avant février ou mars 2014, le groupe saoudien attendant alors de connaître exactement le montant du passif brésilien avant de s’engager plus. Une déclaration qui intervenait alors que la filiale de Doux au Brésil, Frangosul, gérée par le géant brésilien de la viande JBS en échange d’un loyer avec possibilité de rachat, demeurait fortement endettée.

Ironie du sort, c’est désormais le Brésil – premier exportateur mondial de boeuf et de volaille – qui accentue la crise générée par la crise aviaire … cette dernière impactant tout particulièrement les exportations de Doux au Moyen-Orient. Selon la fédération syndicale, les entreprises brésiliennes pratiquent désormais le dumping social afin de pouvoir s’engouffrer dans la brèche ouverte par les impacts de la grippe aviaire sur les débouchés commerciaux de l’entreprise. En 2016, les exportations brésiliennes de viande de poulet ont dépassé les 5,9 milliards de dollars selon le ministère brésilien du Commerce.

Dans un tel contexte, Doux a subi une forte perte de volumes et n’a pas procédé aux investissements productifs nécessaires, précise encore FGTA-FO. Nadine Hourmant, déléguée syndicale FO chez Doux a fait part de la volonté des syndicats d’obtenir un plan pour la filière avicole française. En vue d’argumenter ses propos, elle a tenu à préciser que les équipes de nuit (CDD et intérimaires) avaient cessé de fonctionner depuis avril.

Le groupe Terrena s’est dit quant à lui confiant dans l’avenir du volailler, concédant toutefois que la situation du marché était « déprimée ». Il estime qu’au vu des indicateurs, le 4eme trimestre devrait permettre de « revenir à un prix normatif beaucoup plus acceptable ».

Fin mars, Terrena, deuxième groupe coopératif agricole français, avait fait état d’importantes difficultés rencontrées en 2016, arguant des aléas climatique ayant frappé les céréales, de la crise du lait et des difficultés rencontrées par la plupart des productions animales.

Sources : AFP, L’Express

Elisabeth Studer – 15 juin 2017 – www.leblogfinance.com

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