« Du travail pour la vie »: La direction de Bosch face aux salariés inquiets de Rodez

« Arbeit fürs leben, du travail pour la vie », les 1.600 salariés inquiets de l’usine Bosch de Rodez ont accueilli vendredi avec ce message dans les deux langues la direction du groupe allemand, alors que leur site semble menacé.

Uwe Gakstatter, le responsable de la division Powertrain de Bosch, a déclaré à son arrivée aux salariés qu’il viendrait leur parler à l’issue de la réunion avec leurs représentants et la direction de l’usine d’Onet-le-Chateau, en périphérie de Rodez, qui a débuté en fin de matinée.

Deux heures plus tôt, une délégation du groupe dirigée par M. Gakstatter a été reçue à la préfecture de région pour présenter son plan pour l’avenir du site, devant les élus locaux, des représentants de Bercy, les parlementaires de l’Aveyron et la présidente PS du conseil régional, Carole Delga.

Une banderole a été déployée sur le bâtiment: « Bosch Rodez, Hier 2.400 emplois, Aujourd’hui: 1.600 emplois. Demain combien en restera-t-il? Ici, le diesel moderne fait vivre tout un département ».

L’intersyndicale de l’usine Bosch de Rodez a mis récemment l’État en garde face au « désastre économique » que représenterait la fermeture de ce site, où entre 300 à 800 emplois sont menacés à court terme, selon elle.

Selon les syndicats, ce sont au total entre 8.500 et 10.000 emplois induits qui pourraient être impactés si le sites disparaissait.

L’équipementier allemand doit moderniser ses deux lignes pour pouvoir fabriquer des injecteurs diesel nouvelle génération, la technologie actuelle devant « disparaître à l’horizon 2020/2021 », avait expliqué le responsable syndical SUD.

– Renault principal client du site-

Le responsable de la division Powertrain de Bosch Uwe Gackstatter (C), à son arrivée sur le site d'Onet-le-Chateau le 26 janvier 2018 (AFP - JOSÉ A. TORRES)Le responsable de la division Powertrain de Bosch Uwe Gackstatter (C), à son arrivée sur le site d’Onet-le-Chateau le 26 janvier 2018 (AFP – JOSÉ A. TORRES)

Selon Lionel Issalys, délégué syndical CFE-CGC, les investissements prévus pour moderniser le site ont été différés après la décision de Renault qui a décidé en 2017 « de ne pas passer à la norme Euro 7 immédiatement ». Or le groupe automobile français absorbe 90% de la production de cette usine.

« On demande aux constructeurs français d’exiger que Bosch produise l’essentiel des équipements qui leurs sont destinés, à l’image de ce que demandent les constructeurs allemands chez eux », a déclaré à l’AFP Lionel Issalys.

Selon les syndicats, Bosch aurait indiqué, qu’en raison de la baisse des ventes des véhicules diesel, il était en capacité de répondre à la demande avec ses autres sites, notamment son usine en Turquie où d’importantes capacités de production ont été développées.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait annoncé le 19 janvier qu’il allait demander au PDG de l’équipementier « un nouvel investissement » dans l’usine de Rodez lors du sommet sur l’attractivité organisé par Emmanuel Macron à Versailles.

Logo de Bosch à Onet-le-Chateau, près de Rodez le 24 janvier 2018 (AFP - JOSÉ A. TORRES)Logo de Bosch à Onet-le-Chateau, près de Rodez le 24 janvier 2018 (AFP – JOSÉ A. TORRES)

Une AG des syndicats est prévue en début d’après-midi après une rencontre avec les représentants de la direction. Les syndicats doivent ensuite tenir une conférence de presse. Un point presse de la direction France est également prévu dans l’après-midi.

La « filière diesel » emploie directement 12.000 personnes en France.

Pour la première fois depuis l’an 2000, le diesel a représenté l’an dernier moins de la moitié du marché automobile français, contre près des trois-quarts à son apogée, en 2012.

Cette dégringolade du marché des voitures diesel, une motorisation encore encensée il y a cinq ans et désormais décriée, met au défi les groupes automobiles et l’ensemble de la filière qui doivent revoir à la hâte leur organisation industrielle.

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