Economie : Accalmie sur les marchés argentins après l'appel à l'aide au FMI

(Actualisé avec clôture et annonce du ministère du Trésor)

BUENOS AIRES, 9 mai (Reuters) – La Bourse de Buenos Aires a terminé en forte hausse mercredi au lendemain de la décision de l’Argentine de demander l’assistance du Fonds monétaire international (FMI) pour tenter d’éviter une nouvelle crise financière.

Le président argentin Mauricio Macri a annoncé mardi dans une allocution télévisée avoir sollicité l’aide du FMI pour stabiliser les finances du pays, quatre jours après la décision de la banque centrale de porter son taux d’intérêt directeur à 40%, un record mondial.

Le chef de l’Etat a dit avoir parlé à Christine Lagarde et avoir obtenu de la directrice générale du FMI qu’elle commence à travailler immédiatement sur un plan d’aide.

Mercredi, l’indice boursier Merval a gagné 6,21%, en baisse d’environ 13,3% depuis le 10 avril; la clôture de mardi, il accusait une chute de près de 18,5% en moins d’un mois.

« L’accord avec le FMI est positif pour le marché tant que les conditions ne sont pas monstrueuses », a commenté Hernan Nacaratto, analyste du cabinet de conseil Neix.

Sur le marché des changes, le peso argentin repartait toutefois à la baisse, cédant 1,4% face au dollar autour de 22,68, en repli de près de 22% depuis fin 2017. Mardi, il avait inscrit un plus bas historique à 23,50 pour un dollar, portant à près de 25% sa chute depuis le début de l’année.

Selon le journal argentin Clarin, l’Argentine aurait sollicité une aide de 30 milliards de dollars (25 milliards d’euros), un montant que ni le gouvernement ni le FMI n’ont voulu confirmer.

Après la clôture, le ministère du Trésor a annoncé dans un communiqué que Buenos Aires avait demandé au FMI un accord de financement dit de confirmation (stand-by arrangement ou SBA) pour des montants élevés pour calmer la volatilité des marchés.

Selon les analystes, un tel accord de financement exigerait en contrepartie des conditions plus lourdes que d’autres types de financement accessibles à des pays plus solvables.

RÉFORME DES MARCHÉS DE CAPITAUX

Le FMI n’a pourtant pas bonne presse en Argentine, où nombreux sont ceux qui attribuent encore aux mesures d’austérité imposées par l’institution de Washington la responsabilité de la crise de 2001-2002, qui a précipité des millions d’Argentins dans la pauvreté.

Le pays connaît depuis deux semaines une forte volatilité financière avec l’effondrement du peso, la situation délicate de son économie et le déficit de ses comptes courants le plaçant parmi les marchés émergents les plus affectés par l’impact de la hausse du dollar et des rendements obligataires américains.

Le gouvernement argentin avait jusqu’à présent conduit une politique de soutien à la croissance dans la perspective d’une candidature du Mauricio Macri à sa réélection en 2019.

Les marchés ont accordé le bénéfice du doute au président argentin pendant plus de deux ans après son arrivée au pouvoir fin 2015. Il a démantelé le contrôle des changes et les restrictions aux échanges extérieurs mis en place par le précédent gouvernement et soutenu le secteur agricole en réduisant les taxes sur les exportations de céréales.

Mauricio Macri a aussi permis le retour de l’Argentine sur le marché international des capitaux en réglant les différends avec les détenteurs d’obligations d’Etat sur lesquelles Buenos Aires avait fait défaut.

Mercredi, le Congrès argentin a adopté le projet gouvernemental de réforme des marchés de capitaux, censé favoriser les investissements étrangers en réduisant les pouvoirs des autorités de régulation et en assouplissant le cadre réglementaire des fonds d’investissement. (Walter Bianchi, Eliana Raszewski, Jorge Otaola et Maximilian Heath; Patrick Vignal, Marc Angrand et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

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