Economie : Draghi-La politique accommodante de la BCE reste capitale

par Francesco Canepa et Balazs Koranyi

FRANCFORT, 17 novembre (Reuters) – L’économie en zone euro reste dépendante des taux bas assurés par la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), qui utilise la prolongation de son programme de rachats d’actifs pour repousser dans le temps les anticipations de hausse du coût du crédit, a dit vendredi le président de la BCE, Mario Draghi.

Dans un discours prononcé lors du Congrès bancaire européen à Francfort, il a expliqué que la BCE était de plus en plus confiante dans la poursuite de la reprise dans la zone euro mais qu’en raison de la faible croissance des salaires, la politique monétaire devait rester accommodante.

« Les conditions de financement très favorables faites aux entreprises et aux ménages, qui dépendent beaucoup de notre politique, restent l’un des moteurs clés de la reprise », a-t-il dit.

La BCE a décidé fin octobre de prolonger son programme de rachats d’actifs de 2.550 milliards d’euros jusqu’en septembre 2018 et au-delà si nécessaire, et elle s’est engagée à maintenir ses taux à des plus bas records, « bien au-delà » de la fin de ces rachats.

Mario Draghi a déclaré vendredi que la prolongation des achats d’actifs était un élément clé permettant de repousser les anticipations de hausse des taux à un avenir plus lointain, ce qui contribue au maintient de taux de marché bas.

LA REPRISE « S’AUTO-ENTRETIENT »

« Les rachats d’actifs sont aussi importants pour les signaux qu’ils envoient sur l’évolution future de la politique de taux, ce qu’on appelle ‘l’effet signal' », a-t-il dit lors d’une intervention devant un congrès bancaire européen à Francfort.

Avec un taux de dépôt négatif, la BCE impose depuis 2014 un coût aux banques qui déposent leurs liquidités auprès de la banque centrale, une politique qui vise à les inciter à prêter mais qui mécontente le secteur, déjà touché par la durcissement de la réglementation et des exigences de fonds propres.

Mais Mario Draghi a souligné que les études réalisées par la BCE avaient trouvé « peu d’éléments de preuves » selon lesquels sa politique portait tort aux banques et il a ajouté que tout futur impact négatif de sa politique serait compensé par des effets bénéfiques pour l’économie dans son ensemble.

Il a également rejeté les accusations, portées notamment en Allemagne, selon lesquelles la politique ultra-accommodante de la BCE alimenterait une nouvelle bulle spéculative sur le marché du crédit, assurant que la reprise « s’auto-entretenait ».

« La reprise (..) n’a pas eu lieu dans un contexte de réendettement dans quelque secteur que ce soit », a-t-il dit.

« Les moteurs de la croissance sont de plus en plus endogènes plutôt qu’exogènes. Dans la première phase de la reprise, ses principaux moteurs étaient la baisse des prix du pétrole et la politique monétaire. Aujourd’hui, nous voyons davantage de signes que la croissance ‘s’auto-entretient’, c’est-à-dire que les multiplicateurs de dépenses et la propagation endogène viennent de nouveau soutenir l’activité. »

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)

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