Economie : France : Le déficit public à peine au-dessus de 3% en 2019

PARIS, 2 avril (Reuters) – Le gouvernement français a revu en légère baisse sa prévision de déficit public pour 2019, à 3,1% du produit intérieur brut (PIB), limitant ainsi la nouvelle sortie des clous du pacte de stabilité européen après deux ans passés sous le seuil des 3% du PIB, montrent les principaux chiffres du programme de stabilité annuel diffusés mardi par Bercy.

Affecté cette année par l’impact ponctuel de la transformation du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en baisse de charges pérenne, qui représente à elle seule près d’un point de PIB, le déficit public était attendu à 3,2% du PIB depuis l’annonce en décembre d’une série de mesures d’urgence destinées à tenter d’apaiser la contestation des « Gilets jaunes », pour un montant d’environ dix milliards d’euros.

Mais le déficit public a finalement reflué plus que prévu l’an dernier, pour s’établir à 2,5% et la croissance moyenne de l’économie française sur l’année 2018 s’est révélée légèrement supérieure aux estimations, à 1,6%, autant d’éléments favorables pour l’exercice 2019.

Après ce dérapage limité par rapport à ses engagements européens cette année, la France ramènerait son déficit public à 2,0% du PIB en 2020.

Le rétablissement des finances publiques serait toutefois plus lent que prévu à l’échelle du quinquennat, avec un déficit public anticipé à 1,2% du PIB en 2022 et non plus à 0,3%, comme prévu à l’automne dernier au moment du début des travaux sur la loi de finances 2019.

LES ALÉAS DU « GRAND DÉBAT » ET DU BREXIT

Mais cette trajectoire pourrait être amendée en fonction des décisions qu’annoncera l’exécutif en lien avec le « grand débat » lancé pour répondre à la crise des « Gilets jaunes ».

« Ce programme de stabilité est établi indépendamment des conclusions qui pourront être tirées » de cette consultation, du grand débat. Il sera adapté en temps et en heure s’il doit l’être », explique le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin dans un entretien à paraître mercredi dans Les Echos.

Parallèlement, ce document annuel dressant la trajectoire des dépenses publiques et destiné à la Commission européenne confirme la révision à la baisse de la prévision de croissance pour 2019 annoncée mi-mars par Bruno Le Maire.

Le gouvernement table désormais sur une progression du PIB limitée à 1,4% – contre une croissance de 1,7% prévue dans le budget – et s’attend à ce que l’économie française conserve ce rythme en 2020, 2021 et 2022.

Ce « scénario intègre le risque de tensions commerciales persistantes entre les Etats-Unis et la Chine, et la perspective du Brexit« , précise le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, interrogé par le quotidien économique avec son collègue à Bercy.

Il souligne cependant qu’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord « aurait nécessairement un impact économique plus important ».

MOINDRE RECUL DE LA DETTE

La dette publique, elle, devrait culminer à 98,9% du PIB cette année (contre 98,4% en 2018) avant de refluer progressivement pour s’établir à 96,8% du PIB en 2022. Soit une diminution de 1,6 point par rapport à son niveau de 2017, inférieure à l’objectif initial de l’exécutif d’une baisse de cinq points du poids de la dette publique sur la durée du quinquennat.

« Mais nous gardons notre ambition de baisser de cinq points la dette publique », déclare Bruno Le Maire, en rappelant qu’une partie des revenus de privatisation a vocation à contribuer au désendettement.

Selon ces prévisions, les dépenses publiques, après avoir été réduites de 0,3% en volume (hors inflation) en 2018, devraient reprendre leur progression cette année et conserver une tendance à la hausse jusqu’en 2022.

Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) doit rendre public le 10 avril son avis sur les nouvelles prévisions du gouvernement.

Voir aussi : TABLEAU-Principales prévisions du programme de stabilité (Myriam Rivet, édité par Bertrand Boucey et Marc Angrand)


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