Emily in Paris donne aux Anglais des envies de s’offrir un petit bout de la capitale

La série de Netflix, qui magnifie Paris, encourage des internautes britanniques, voire américains, à imaginer un déménagement en France.

De fait, 2022 s’annonce déjà comme l’année du retour des acheteurs étrangers dans la Ville Lumière.

Pas sûr que la réalité rejoigne la fiction. Il n’empêche : depuis le lancement cette semaine de la saison 3 de la série à succès « Emily in Paris », la capitale n’a jamais autant fait fantasmer les… Anglais. Les recherches en ligne pour déménager à Paris ont bondi de 1416 % par rapport aux recherches de la semaine dernière, selon le site d’estimation immobilière britannique GetAgent.
« Nous avons comparé les recherches effectuées sur Google Trends pour déménager à Paris et nous avons noté un pic de demandes au lendemain de la sortie de la saison 3 diffusée le 21 décembre, explique le PDG et cofondateur du site, Colby Short, qui y voit un lien. « La série est un succès et très attendue des Anglais, renchérit-il. Entre décembre 2021 et décembre 2022, nous avions noté une hausse de 314 % des recherches anglaises pour déménager à Paris ». La première semaine du coup d’envoi de la saison 2, diffusée l’an dernier à la même époque au Royaume-Uni, avait fait partie du Top 10 mondial de Netflix.

La part des acquisitions effectuées par des « non-résidents » est « énorme »

Et en effet, les acheteurs étrangers font leur grand retour cette année dans la Ville Lumière. Dans les quartiers les plus prisés (Ve, VI, VIIe, VIIIe et XVIe arrondissements), la part des acquisitions effectuées par des « non-résidents », comme les désigne la Chambre des notaires du Grand Paris, a été « énorme » au premier semestre, selon son porte-parole, Thierry Delesalle. Dans le VIIe arrondissement, un appartement sur cinq a trouvé preneur auprès d’un acquéreur étranger au premier semestre (contre 13,9 % en 2020). « C’est du jamais-vu depuis 2013 », selon ce notaire.
Faut-il y voir un effet « Emily in Paris » ? « C’est difficile à dire, tempère Marc Foujols, fondateur et président du groupe du même nom. On remarque en effet plus de demandes de locations à Paris qu’il y a un an de la part de Britanniques… Le Brexit, les changements de gouvernement au Royaume-Uni et l’inflation très forte sur place ont sans doute plus d’incidence, mais c’est vrai que la France attire bien davantage qu’avant », souligne le professionnel.

« Ce n’est pas un épiphénomène »

Même si le Paris de carte postale dépeint par la série est très éloigné de la réalité, il y a bien un effet Emily Cooper, à en croire Nicolas Pettex-Muffat, directeur général de Daniel Féau et Belles Demeures de France. « La vision idéalisée de Paris que porte la série séduit les Anglo-Saxons. Ce n’est pas un épiphénomène, c’est très marqué depuis quelques mois », assure le professionnel, évoquant des remontées de plusieurs de ses directeurs d’agences. S’il compte peu d’Anglais parmi sa clientèle, il enregistre une forte résurgence d’Américains.
« Beaucoup d’entre eux ont la série en tête et veulent s’offrir un petit bout de la capitale, Ces acheteurs visent des biens entre 1 et 3 millions d’euros et sont bien plus nombreux post-Covid qu’avant Covid… Ils viennent chez nous après avoir effectué des recherches en ligne », précise-t-il. Les profils sont moins fortunés que la clientèle habituelle du groupe : « Ils ne recherchent pas la vue tour Eiffel ou les plus beaux sites, ils se tournent vers la rue de Lévis, vers le quartier des Ternes (XVIIe arrondissement), par exemple, ils aspirent à vivre comme des Parisiens. » À cet effet « Emily », d’autres motivations s’ajoutent : « La baisse du dollar et l’envie de se diversifier dans une autre monnaie de référence pèsent aussi, même si l’image idyllique de Paris reste très forte chez ces acheteurs. »

De jeunes Américaines séduites

À l’agence Vingt Paris, qui a logé l’équipe de tournage, le succès d’Emily Cooper joue également un rôle indéniable. « On a une forte demande de locations d’appartements par des jeunes filles de 20 à 30 ans, plus souvent américaines qu’anglaises, qui veulent vivre un an dans le Marais, le VIe ou le VIIe arrondissement. Elles évoquent la série et sont attirées par la possibilité de tout faire à pied », précise sa fondatrice franco-britannique, Susie Hollands. À l’achat, la clientèle est plus âgée, « des quadragénaires avec enfants qui veulent vivre leur rêve parisien d’aller au marché, de faire leurs courses à pied, cuisiner français. Ils cherchent à apprendre le français pour pouvoir rencontrer leurs voisins et se faire des amis comme dans la série ». Elle vient de vendre à une famille américaine un appartement de 150 m2 à 3,5 millions d’euros dans le quartier très demandé du Faubourg-Saint-Germain (VIIe).

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