Espagne : hausse du crédit à la consommation, signe de reprise ou créances douteuses en perspective ?

Se moquerait-on de nous ? Alors que dans un précédent article, je m’inquiétais de la situation financière des banques espagnoles, ces dernières ayant vu leur taux de créances douteuses s’accroître dangereusement, l’Association nationale des établissements financiers de crédits d’Espagne se réjouit de la hausse du crédit à la consommation observée en 2014, estimant que ce phénomène était signe de reprise.
Mais si l’on n’y prenait garde, ces emprunts pourraient devenir à terme un véritable boulet pour les banques espagnoles, leur remboursement demeurant hypothétique.

Selon l’Asnef, le volume des crédits à la consommation accordés en Espagne a progressé de 8,25% en 2014, atteignant désormais 21,713 milliards d’euros. L’Association se réjouit ainsi de la reprise des dépenses des ménages, lesquelles tirent certes la croissance du pays. Dans la mesure tout de même où les crédits sont remboursés.

« La croissance du secteur, démarrée timidement au cours de l’exercice précédent, s’est consolidée en 2014″, a tenu à souligner quant à lui le président de l’Asnef Oscar Cremer. Lucide, lors d’un Congrès national sur le crédit à la consommation, il n’en appelle pas moins à la prudence, estimant que les « risques » demeurent.

« Tant que la création d’emplois ne se consolidera pas et que la demande de logements ne se réactivera pas, nous ne nous attendons pas à ce que le crédit à la consommation atteigne les chiffres d’avant la crise », a-t-il ajouté. Une crise qui, rappelons-le avait trouvé son origine par l’éclatement de la bulle immobilière en 2008.

Se voulant optimiste, Oscar Cremer estime également que grâce à la création d’emplois et au moindre endettement des familles, les ménages disposent « de plus de revenus disponibles », situation qui selon lui permet d’expliquer le « décollage » de la consommation.

Précisons qu’après cinq années de récession ou de croissance nulle, l’économie espagnole a affiché une croissance du PIB de 1,4%, Le ministre de l’Economie, Luis de Guindos, s’attend désormais à des taux de croissance compris entre 2,5 et 3%.

Reste que le taux de chômage se maintient à un niveau très élevé. Selon les prévisions de Madrid, il devrait affecter 22,2% de la population active en 2015, après 23,7% à fin 2014.

Sources : AFP, AWP, Asnef

Elisabeth Studer – 25 mars 2015 – www.leblogfinance.com


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