Espagne : la dette des régions à un niveau catastrophique

regions_espagne.jpgNos voisins espagnols sont loin d’être sortis de l’auberge … cela dit sans jeu de mots, bien entendu.
Selon des chiffres publiés vendredi par la Banque d’Espagne, la dette publique du pays représentait au troisième trimestre 66% du PIB, soit 7,3 points de plus qu’il y a un an (58,7%).

Raisons premières d’un tel phénomène : la dette des régions, laquelle vient d’atteindre un nouveau record historique.

Le niveau de la dette espagnole est désormais de 6 points inférieur à la limite fixée par le Pacte de stabilité de l’UE (60%). Il demeure environ 20 points en-dessous de la moyenne européenne (85,1% en 2010).

Fin septembre, la dette publique de l’Etat espagnol se chiffrait à 706,340 milliards d’euros, ce qui représente 66% du PIB, une proportion équivalente à celle observée il y a trois mois.

Selon les tableaux fournis par la Banque d’Espagne, il s’agit de la valeur la plus élevée enregistrée pour le pays depuis 1997, période durant laquelle la dette publique espagnole représentait 66,1% du PIB.

Pour fin 2011, le gouvernement prévoit une dette à 67,2% du PIB, son objectif étant de la maintenir sous les 70% jusqu’en 2014.

L’institut de statistiques européennes Eurostat table quant à lui sur un taux de 69,6% en 2011, de 73,8% en 2012 et de 78% en 2013.

Fait majeur : la situation des 17 régions autonomes demeure particulièrement préoccupante.

Au troisième trimestre 2011, leur dette cumulée atteignait 135,151 milliards d’euros, représentant 12,6% du PIB du pays (contre 10,6% un an plus tôt). Il s’agit une nouvelle fois d’un record historique dont l’Espagne se serait bien passé …

La dette des municipalités a toutefois légèrement reculé en valeur glissante annuelle, s’élevant désormais à 36,701 milliards (3,4% du PIB).

Rappelons que début octobre, Fitch avait abaissé la note de l’Espagne  de deux crans,   l’accompagnant d’une perspective négative.

L’agence de notation mettait alors notamment en avant les risques de dérapage budgétaire que pourrait entraîner l’autonomie très forte des régions espagnoles.

Mi-septembre, l’agence de notation avait d’ores et déjà abaissé la note de cinq régions espagnoles, la puissante Catalogne   figurant parmi elles. Arguments alors invoqués par Fitch pour ce faire : « la forte augmentation » de l’endettement des régions concernées.

« Même si Fitch reconnaît que les régions vont prendre toutes les mesures possibles pour contrôler leurs dépenses, la reprise économique, encore faible, va limiter la croissance de leurs revenus fiscaux« , ajoutait par ailleurs l’agence.
Cette dernière pointait également du doigt le fort degré d’autonomie des 17 régions espagnoles, estimant que ce dernier point revêtait une source d’inquiétudes supplémentaire pour les marchés.
Les investisseurs redoutent en effet que leur niveau d’endettement ne compromette l’objectif du gouvernement de réduire son déficit à 6% du PIB en 2011.

Quelques jours auparavant, l’agence de notation Moody’s avait d’ores et déjà alerté les marchés, estimant que les régions espagnoles ne parviendraient pas à atteindre l’objectif de déficit fixé pour cette année.

En décembre 2010, déjà, l’agence de notation avait tenu à souligner que le gouvernement central, malgré son plan d’austérité, n’exerçait qu’un contrôle « limité » sur les finances régionales. 

Mais rappelons que début février, le leader nationaliste catalan Artur Mas  avait obtenu, après un entretien avec le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero, une autorisation pour émettre à court terme des obligations d’une valeur de 2,5 milliards d’euros. Une annonce qui avait alors suscité de nombreuses réactions d’autres communautés, ces dernières dénonçant un traitement de faveur. 

En retour, suite aux protestations suscitées par l’autorisation délivrée à la Catalogne, le gouvernement avait indiqué que les 17 régions autonomes d’Espagne auraient le droit d’émettre des obligations   …. et donc de s’endetter davantage  …. si elles respectaient l’objectif d’un déficit à 1,3% du PIB en 2011.

Sources : AFP, Reuters

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