Ferrari, sans Marchionne, poursuit sur sa lancée

Le fabricant italien de voitures de luxe Ferrari, pour qui s’ouvre une nouvelle ère après la mort de son patron Sergio Marchionne, a confirmé mercredi ses objectifs pour 2018 après avoir vu ses bénéfices bondir au deuxième trimestre.

La publication de ces résultats survient une semaine après le décès, le 25 juillet, du manager italo-canadien, à l’âge de 66 ans.

En raison de la brusque dégradation de son état de santé, il avait été remplacé quelques jours auparavant par Louis Camilleri, ancien patron du cigarettier Philip Morris et membre du conseil d’administration de Ferrari depuis octobre 2015.

« Nous sommes attristés par la perte de Sergio Marchionne », a souligné le groupe, confirmant son « engagement à poursuivre les valeurs qu’il incarnait et à réaliser sa vision avec détermination, ambition et passion, dans le sillon de Enzo Ferrari », le fondateur de la société.

Cette nouvelle ère, qui s’annonce difficile tant M. Marchionne avait imprimé sa marque sur Ferrari, a néanmoins commencé sous de bons auspices.

Le bénéfice net au deuxième trimestre a bondi de 18,1%, à 160 millions d’euros, un résultat légèrement meilleur qu’attendu. Selon le consensus réalisé par Factset, les analystes tablaient en moyenne sur 154 millions d’euros.

Le chiffre d’affaires a lui diminué de 1,6%, à 906 millions d’euros, un chiffre inférieur aux attentes (932 millions). A taux de change constants, il a néanmoins progressé de 1,4%.

La célèbre marque au cheval cabré a livré sur le trimestre 2.463 bolides, un chiffre en hausse de 5,6% par rapport à la même période de 2017.

L’Europe-Moyen-Orient-Afrique reste le principal marché du groupe, avec 1.073 véhicules remis, suivi de l’Amérique (850 bolides). Mais les livraisons ont augmenté de 26% en Chine-Hong Kong et Taïwan, à 177 véhicules.

A la Bourse de Milan, les investisseurs réagissaient relativement peu à ces annonces. Vers 12H45 GMT, le titre perdait 0,26% à 113,5 euros, dans un marché en recul de 1,05%.

Les analystes d’Evercore Isi ont fait état d’un « autre trimestre solide », globalement conforme aux attentes.

– Plan stratégique en septembre –

Le titre avait cédé 4,88% à l’annonce du changement de direction, puis encore 2,50% deux jours plus tard, à la mort de M. Marchionne.

Sergio Marchionne a réussi à préserver l’exclusivité de cet emblème du savoir-faire italien, tout en augmentant la production et en faisant de Ferrari une entité cotée avec un succès phénoménal. Depuis son entrée à la Bourse de Milan le 4 janvier 2016, le titre a gagné plus de 160%.

M. Marchionne devait rester aux commandes de Ferrari au moins jusqu’en 2021 et avait promis de dévoiler en septembre un plan stratégique sur cinq ans.

Cette feuille de route prévoit la poursuite d’une forte rentabilité, le lancement de nouveaux produits, dont un SUV (4X4 de ville) dès 2019 et des sportives hybrides.

Il reviendra à M. Camilleri de dévoiler ce plan les 17 et 18 septembre à Maranello (nord), siège historique de la marque.

M. Camilleri est, selon Credit Suisse, un dirigeant expérimenté qui « a déjà fait ses preuves et connaît bien le groupe, ce qui devrait limiter tout risque de perturbation ».

Mais « on aurait préféré voir quelqu’un avec une expérience dans le luxe et la Formule 1 prendre la succession », a récemment souligné Richard Hilgert, expert à MorningStar.

Le groupe a en tout cas d’ores et déjà confirmé ses prévisions pour l’année en cours. Il table sur un chiffre d’affaires supérieur à 3,4 milliards d’euros, avec plus de 9.000 véhicules livrés.

Il vise aussi un bénéfice brut d’exploitation (Ebitda) ajusté égal ou supérieur à 1,1 milliard d’euros et une dette nette industrielle inférieure à 400 millions.

Et il entend porter son Ebitda ajusté à 2 milliards de dollars d’ici 2022.

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