Fusion Deutsche Börse et LSE : un Brexit représente un danger

Autre conséquence possible d’un éventuel Brexit : l’opérateur boursier allemand Deutsche Börse et son homologue britannique, le London Stock Exchange (LSE) ont reconnu vendredi qu’un éventuel Brexit comportait un risque pour la faisabilité de l’opération de fusion qui fait actuellement l’objet de négociations de leur part.

En cas de sortie du Royaume-Uni hors de l’Union européenne, « le projet de fusion entre Deutsche Börse et le LSE serait en danger » déclarent ainsi les deux protagonistes dans un communiqué. Les deux groupes indiquent par ailleurs qu’un comité commun de réflexion a été créé en vue d’étudier les implications du référendum organisé le 23 juin prochain afin que les électeurs du Royaume-Uni se prononcent sur le maintien du pays au sein à l’Union européenne. Une éventuelle séparation entre l’UE et le Royaume-Uni pourrait notamment affecter le volume et la nature des activités de la future entité, précisent ainsi Deutsche Börse et le LSE.

Précisons que Deutsche Börse et LSE ont annoncé mardi être en discussions pour fusionner alors même que le président du Conseil européen Donald Tusk avait annoncé en fin de semaine dernière que les 28 dirigeants européens étaient parvenus à un accord avec David Cameron. Le Premier ministre britannique aura pu au final obtenir des concessions de la part des autres pays membres Européens dans le but de convaincre les Britanniques de voter pour le maintien du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne.

A noter également que ces déclarations des deux géants boursiers interviennent alors que de plus en plus d’entreprises tentent, de part et d’autre de la Manche, d’influer sur le débat public britannique. La nouvelle annonce de Deutsche Börse et LSE pourrait avant tout servir de moyen de pression … Notons ainsi que près de 200 grands patrons et d’entrepreneurs britanniques ont signé mardi dernier une lettre ouverte pour mettre en garde contre les dangers d’un Brexit sur l’emploi et l’économie. A ce jour, aucun poids lourd de la Bourse de Londres ne s’est prononcé en faveur d’une sortie de l’UE.

Deutsche Börse et LSE se disent toutefois persuadés que le groupe né de leur rapprochement serait bien positionné pour servir des clients dans le monde, et ce, indépendamment du choix des électeurs britanniques. « L’issue du référendum ne serait pas une condition de la possible fusion », assurent-ils.

En cas d’accord entre les deux « fiancés » et après acceptation de l’opération par les autorités, le nouveau groupe –  qui donnerait alors naissance au numéro un européen de la Bourse – serait domicilié à Londres et dirigé par une nouvelle maison mère britannique, indiquent par ailleurs Deutsche Börse et LSE qui assurent parallèlement vouloir réaliser une fusion entre égaux.
Un mariage ouvrirait la voie à d’importantes synergies, tant au niveau des revenus que des coûts, et permettrait un renforcement mutuel des deux groupes « aux stratégies complémentaires », estiment également les deux partenaires.

L’Allemand Carsten Kengeter, actuel PDG de Deutsche Börse, est pressenti pour devenir le patron de cette nouvelle structure, le directeur financier du LSE, David Warren, devrait quant à lui élargir le périmètre de sa fonction à celui du groupe fusionné.

Le communiqué précise également que l’actuel patron du LSE, Xavier Rolet, devrait quant à lui démissionner de ses fonctions en cas de fusion des deux entités. Laquelle serait dotée d’un directoire unitaire avec une égale représentation du groupe LSE et Deutsche Börse.

Le LSE et Deutsche Börse précisent par ailleurs qu’en vue d’un tel rapprochement, ils ont entamé des discussions avec les autorités financières britannique et allemande, ainsi qu’avec les gouvernements du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie et de France. Rappelons à cet égard que Deutsche Börse avait déjà tenté de s’unir à l’opérateur NYSE Euronext, mais avait dû renoncer à son projet en raison du veto de la Commission européenne.

La plupart des analystes estiment que les obstacles réglementaires, combinés au contexte du Brexit, vont obliger les deux entreprises à devoir développer une argumentation on ne peut plus convaincante en faveur du projet.

Sources : LSE, Deutsche Börse, AFP, Bilan.ch

Elisabeth Studer – 27 février 2016 – www.leblogfinance.com

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