GM : grève au Canada pour maintenir l’emploi face à la concurrence du Mexique

Alors que les employés de l’usine d’assemblage CAMI de General Motors à Ingersoll, dans l’Ontario (Canada), ont déclenché une grève en fin de semaine dernière, les choses ne s’arrangent guerre et ont désormais des impacts sur d’autres sites du groupe.

Le mouvement déclenché à l’initiative du syndicat Unifor fait suite à l’échec des négociations avec le constructeur en vue d’obtenir un nouveau texte régissant leur emploi.

La production de l’Equinox est au centre du conflit qui a éclaté dimanche dernier en toute fin de soirée, à l’échéance de la convention collective des 2450 travailleurs de la section locale du syndicat Unifor.

Ce dernier souhaite faire reconnaître par GM le statut de producteur principal de l’Equinox à l’usine d’Ingersoll. Il s’agissait en effet d’une des demandes primordiales du syndicat en matière de sécurité d’emploi dans le cadre des négociations qui ont préalablement échouées.

Plus largement, la grève soulève de nouveau la question de l’exode des emplois de l’industrie automobile vers le Mexique.

Le départ des emplois vers la Mexique en toile de fond

«En juillet de cette année, la compagnie a cessé la production du Terrain à Ingersoll, et 100 % du volume a été transféré au Mexique, ce qui a entraîné 600 mises à pied », a expliqué le syndicat dans un communiqué, dimanche soir. Ajoutant que désormais le site ne produisait que l’Equinox. Un véhicule également assemblé au Mexique.»

Pour rappel, au Canada, la mise à pied correspond à une suspension  temporaire du contrat de travail entre l’employeur et le salarié. Le salarié mis à pied peut donc être rappelé au travail. Il conserve son lien d’emploi pendant la durée de sa mise à pied et sa relation contractuelle est maintenue.

Unifor s’oppose ainsi à la décision de GM d’avoir transféré une partie de sa production au Mexique, des mesures conduisant au final 400 personnes au chômage. Ce à quoi GM rétorque qu’au départ 625 personnes devaient perdre leur emploi, mais que ce nombre a été réduit grâce, entre autres, à des départs à la retraite.

Alors que l’Equinox  est également assemblé au Mexique, le syndicat d’Unifor s’inquiète que les 2 500 emplois demeurant sur le site d’Ingersoll soient en danger. De ce fait, Unifor demande que l’usine canadienne devienne le producteur numéro un de l’Equinox en Amérique du Nord.

Le débat sur l’ALENA au cœur du dossier

En juillet dernier, le syndicat avait tenu une table ronde sur l’ALENA. Selon Unifor, la renégociation en cours de l’accord est une «occasion historique de corriger les failles fondamentales de l’ALENA». Rappelant que les syndicats ne cessent de répéter que l’ALENA cause du tort aux employés du Canada, des États-Unis et du Mexique depuis son entrée en vigueur en 1994.

Unifor déplore notamment que depuis la mise en place de l’ALENA, les investissements dans le secteur de l’automobile aient surtout été réalisés au Mexique, en raison principalement des faibles salaires et selon lui « d’une réglementation minimale».

Unifor invite à une reprise des négociations

Jeudi, Unifor a affirmé jeudi avoir invité la direction du constructeur à reprendre les négociations dans l’espoir de conclure une entente. Dan Borthwick, président de la section locale du syndicat a d’ores et déjà prévenu néanmoins prévient qu’une des demandes clés des travailleurs demeurait inchangée. La revendication principale concerne la désignation de l’usine canadienne comme site principal de production de la Chevrolet Equinox, afin de s’assurer que les emplois ne soient pas transférés au Mexique.

«Nous tentons simplement d’être responsables et de voir s’il est possible de trouver une résolution rapide à l’arrêt de travail et de minimiser les conséquences pour nos membres, nos fournisseurs et la communauté avoisinante», a-t-il expliqué jeudi lors d’un entretien.

D’autres sites et des fournisseurs impactés

Les effets de la grève entamée dimanche se sont étendus mercredi à l’équipementier Magna International, qui a annoncé la suspension de ses livraisons à l’usine CAMI. Magna a expliqué que sa décision touchait la production de quelques-unes de ses installations en Ontario, sans donner de plus amples détails.

La grève a également conduit le constructeur à réduire sa production dans plusieurs usines qui produisent des moteurs et des boîtes de vitesses au Canada et aux Etats-Unis. GM Canada a ainsi indiqué sur son site internet avoir réalisé des «ajustements de production» à St. Catharines et sur deux usines de moteurs aux USA- à Spring Hill, au Tennessee, et à Flint, au Michigan. Les stocks de transmissions produites par l’usine de St. Catharines, destinées à l’installation d’Ingersoll, se sont en effet accumulés ces derniers jours suite à la fermeture de l’usine CAMI. Une porte-parole a indiqué via messagerie qu’aucun autre détail ne serait disponible.

L’approvisionnement en SUV compacts en Amérique du Nord pourrait être également compromis.

Mises à pied à l’usine de St. Catharines

Des avis de mise à pied viennent parallèlement d’être remis à 255 salariés de General Motors à son usine de St. Catharines, en Ontario. Mesures qui font directement suite à la grève initiée dimanche dernier à l’usine CAMI d’Ingersoll.

Le président de la section locale du syndicat Unifor, Tim McKinnon, a indiqué jeudi qu’au moins 255 des 350 employés du site seraient mis à pied à compter de lundi prochain. La mesure devrait être d’une semaine, même si l’arrêt de travail devrait prendre fin au cours du week-end prochain.

Sources : Automotive News, Presse canadienne

Crédit Photo : GM

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