Grèce : rencontre au sommet Tsipras-Juncker pour trouver un accord

Alexis Tsipras et le chef de l’exécutif européen Jean-Claude Juncker devraient se retrouver mercredi 3 juin au soir à Bruxelles pour tenter d’aplanir in extremis les divergences entre Athènes et ses créanciers et de trouver d’ici vendredi un accord pour débloquer une tranche de prêts vitale à sa survie financière.

Le Premier ministre grec doit se rendre à cette rencontre à la Commission européenne “avec dans ses valises la proposition grecque”, soit un document de 46 pages de réformes et mesures budgétaires pour obtenir le versement de 7,2 milliards de prêts, selon une source gouvernementale grecque.

Mais la rencontre n’était pas confirmée mercredi matin à Bruxelles. Elle devrait survenir alors que la Banque centrale européenne (BCE) tient ce mercredi sa réunion de politique monétaire où la Grèce risque d’être au centre des discussions. Mardi soir, l’institut monétaire a une nouvelle fois relevé le plafond de son financement d’urgence des banques grecques.

La deuxième réunion au sommet

Il s’agirait de la deuxième réunion au sommet dans le dossier grec depuis lundi soir, où les créanciers d’Athènes -la directrice générale du FMI Christine Lagarde, le président de la BCE Mario Draghi et M. Juncker- ont rejoint au pied levé la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, en visite à Berlin.

Les créanciers ont mis au point un programme de réformes concurrent, et la rencontre de conciliation mercredi soir avec M. Juncker, qui s’est toujours posé en médiateur dans ces négociations très houleuses, est cruciale pour arriver à un accord final vendredi.

Ce jour-là, la Grèce, dont les finances sont à sec, doit rembourser une tranche de prêts de 300 millions d’euros au FMI, premier versement d’un total de 1,6 milliard d’euros dus à l’institution de Washington en juin.

La proposition grecque a été envoyée lundi soir à l’UE, la BCE et au FMI, en charge de l’assistance financière apportée au pays depuis 2010. Selon Alexis Tsipras, il s’agit d’une offre “complète” et “réaliste”.

Les créanciers de la Grèce ont formulé leurs propres demandes sur la base des discussions techniques menées depuis plusieurs semaines entre représentants des deux parties, “pour idéalement parvenir à un accord vendredi”, selon une source européenne.

Une réunion par téléphone au niveau des experts de l’Eurogroupe doit par ailleurs se tenir mercredi.

Athènes dispose des fonds pour effectuer le versement du 5 juin, selon une source familière de ces transactions, mais le gouvernement de gauche radicale a laissé entendre que des gages d’accord seraient bienvenus d’ici cette date pour envisager les prochains paiements du mois.

Divergences nombreuses

Si les détails des plans d’Athènes et de Bruxelles ne sont pas connus, les divergences semblent encore suffisamment nombreuses pour que Jeroen Dijsselbloem, patron de l’Eurogroupe et ministre des Finances des Pays-Bas, ait tempéré l’optimisme: “des progrès sont enregistrés, mais c’est vraiment insuffisant” a-t-il déclaré mardi dans un entretien à la télévision néerlandaise RTL.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a estimé qu’il reste “du chemin à faire”, mais il a aussi évoqué des “progrès sérieux”, notamment sur la question épineuse du système de retraites et sur la TVA.

Selon le gouvernement grec, les propositions d’Athènes sont dans la ligne de la tribune d’Alexis Tsipras diffusée dimanche par le quotidien français Le Monde: des excédents budgétaires primaires (hors charge de la dette) moins élevés que prévu pour 2015 et 2016 mais plus élevés pour les années suivantes, “une grande réforme de la TVA”, la refonte du système de sécurité sociale via l’unification des caisses, la suppression des retraites anticipées, des processus de privatisations.

En contrepartie, il insistait sur la nécessité de ne pas détricoter davantage la législation nationale du travail et de ne pas procéder à de nouvelles réductions des pensions de retraite.

Le courant le plus à gauche du parti Syriza de M. Tsipras, arrivé au pouvoir en janvier, multiplie en effet les mises en garde contre de trop grands renoncements.

“Si l’accord est mauvais pour le gouvernement, le peuple et le pays, il ne sera même pas soumis au parlement… il y aura des élections”, a averti mardi le secrétaire d’Etat aux Assurances sociales, Dimitris Stratoulis.

La proposition des créanciers n’est pas un ultimatum à prendre ou à laisser, a pris soin de préciser une source européenne, mais une “initiative pour accélérer les discussions” alors que le temps presse.

Pour que l’accord soit sur pied avant l’expiration du second plan d’aide à la Grèce au 30 juin, le feu vert des créanciers doit intervenir au plus tard lors de l’Eurogroupe du 18 juin.

(Avec AFP)

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