Inauguration par l’Iran de 5 phases de Pars Sud, plus grand gisement mondial de gaz

Information d’une importance majeure en terme de géopolitique et de diplomatie pétrolière : le président iranien Hassan Rohani a inauguré dimanche cinq phases du champ gazier Pars Sud (ou South Pars), situé dans le Golfe, et qui constitue le plus grand gisement de gaz naturel au monde. Ces champs sont convoités depuis des mois par les majors occidentales et dont l’Iran partage l’exploitation avec le Qatar. De quoi inciter parfois les grandes puissances à être quelque peu conciliants avec ces deux pays, quoi qu’on en dise, les apparences étant parfois trompeuses.

Selon les médias iraniens, ces cinq phases ont nécessité 20 milliards de dollars d’investissement depuis une douzaine d’années. Les responsables iraniens estiment quant à eux que l’inauguration des phases 17, 18, 19, 20 et 21, permet à l’Iran d’augmenter la production de gaz de Pars Sud de telle sorte qu’elle peut désormais rivaliser avec celle du Qatar. Hassan Rohani a ainsi indiqué que la production iranienne atteignait désormais 575 millions de mètres cubes par jour. Selon les chiffres officiels, la production totale de gaz de l’Iran est quant à elle de 885 millions de mètres cubes par jour.

Le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh, s’est quant à lui félicité que malgré les sanctions internationales prises à l’encontre de l’Iran compte-tenu de son programme nucléaire controversé, les ingénieurs et employés iraniens, ont réussi à développer ces dernières années 11 phases de Pars Sud », lequel en compte 21 au total. Désormais, la presque totalité des phases de Pars Sud sont entrées en exploitation.

Pour rappel, l’Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales de gaz – après la Russie – et des quatrièmes réserves de pétrole au niveau planétaire. Dans un contexte d’une tendance baissière du prix du baril engendrée par une offre pléthorique, l’Iran est parvenu augmenter sa production de pétrole à 3,9 millions de barils par jour (mbj) contre 2,6 mbj précédemment, tout en plus que doublant ses exportations pétrolières.

Fin novembre, le ministre iranien du Pétrole avait exprimé sa satisfaction à l’issue de l’accord de réduction de la production pétrolière mondiale, engagé par les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). « Après des mois de discussions, d’énervement, de bagarre, les autres pays de l’Opep ont accepté que la base de la production de l’Iran soit celle de 2005, son niveau le plus élevé, qui était de 3,975 millions de barils par jour », avait-il alors déclaré.

Depuis plusieurs années, l’Iran et l’Arabie saoudite s’opposaient sur leurs quotas, Téhéran voulant récupérer ses parts de marché perdues depuis 2012 suite aux sanctions internationales, au grand dam de Riyad. En vue de parvenir à un accord au sein de l’Opep, l’Iran demandait en effet à l’Arabie saoudite de baisser sa production, mesures difficilement acceptables pour Riya.

Néanmoins Téhéran a pu obtenir gain de cause en affichant sa fermeté. Confrontée à une crise financière et économique, l’Arabie saoudite aura fini par céder, acceptant que l’Iran puisse augmenter sa production tandis qu’elle se voyait contrainte de baisser la sienne de 500 000 par jour.

En novembre 2016, le géant énergétique français Total a signé un accord de principe de 4,8 milliards de dollars en vue de développer la phase 11 de Pars Sud. Le temps des négociations douloureuses sur les dossiers Eurodif/Sofidif et l’enrichissement de l’uranium semblent n’être que d’un lointain passé. Il est vrai que l’Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales de gaz après la Russie, et que le pays pourrait représenter une alternative de tout premier ordre  en cas de points de discordes accrus avec  Moscou.

Le groupe français peut d’autant plus se féliciter de cet accord  qu’il s’agit du premier consensus de ce type signé entre l’Iran et une majore pétrolière occidentale depuis l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire conclu en juillet 2015 et la levée d’une partie des sanctions internationales en janvier 2016. Reste néanmoins, dans un tel contexte où géopolitique et pétrole sont intimement liés, que le groupe pétrolier attend encore la « décision finale » des Etats-Unis concernant l’Iran pour concrétiser ses projets dans le pays. Or, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump fait redouter à certains que Washington durcisse sont attitude vis à vis de Téhéran. Ainsi, les Etats-Unis ont d’ores et déjà imposé de nouvelles sanctions contre l’Iran en raison de son programme balistique et de la situation des droits de l’Homme dans le pays.

L’Iran cherche également à attirer les grandes compagnies internationales en vue de développer son secteur énergétique. Début janvier 2017, Téhéran a ainsi qualifié 29 grandes compagnies européennes et asiatiques à répondre aux appels d’offres pour le développement des champs pétroliers et gaziers iranien.
Parmi ces sociétés figurent notamment Total, Shell (Royaume-Uni / Pays- Bas), Shlumberger (pays-Bas), Eni (Italie), Gazprom et Lukoil (Russie), CNPC et Sinopec international (Chine).

Sources : AFP, RFI

Elisabeth Studer – 16 avril 2017 – www.leblogfinance.com

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