La Bourse chinoise ne reflète pas l’économie du pays

Le krach boursier chinois de lundi a entraîné la chute des principales places financières mondiales. Comment expliquez-vous cela?

Le décrochage de plus de 8% de la principale Bourse des valeurs de Chine, le 24 août, est venu aggraver un glissement qui lui a fait perdre plus de 40% depuis le mois de juillet. La panique des Bourses mondiales qui a suivi était cependant irrationnelle, parce que la Bourse chinoise ne reflète en rien l’état de l’économie “réelle” du pays.

Pourquoi?

La Bourse chinoise présente deux différences majeures avec celles des économies de marché classiques. D’une part, elle ne joue pas un rôle fondamental dans le financement des grandes entreprises, qui reste essentiellement le fait des banques (publiques) chinoises. Elle est surtout là pour convaincre les partenaires étrangers des grandes entreprises chinoises qu’elles sont bien des acteurs de marché et non plus des conglomérats d’Etat. D’autre part, l’introduction en Bourse des entreprises est autorisée par une commission qui relève directement du gouvernement, dans un système officiel d’”économie de marché socialiste”. Les investisseurs individuels en retirent l’idée que les perspectives de ces entreprises dépendent non tant du marché, que de la faveur des autorités. Ce qui explique pourquoi, alors que l’économie nationale montrait des signes de ralentissement depuis l’été 2014, la Bourse de Shanghai avait enregistré une croissance de 120% sur un an, avant la brutale correction des dernières semaines. 

Au final, à quoi est due cette correction?

En réalité, cette correction a résulté d’un encouragement des autorités chinoises, en 2014, à l’investissement en Bourse des particuliers, dans l’idée de capter l’épargne, et offrir une alternative aux placements bancaires. Les petits porteurs chinois se sont rués sur cette opportunité qu’ils ont perçue comme garantie. Mais après le plus que doublement de la valeur d’entreprises inscrites dans une conjoncture de moins en moins porteuse, est venu le temps de la correction, brutale.

Sa contagion planétaire était absurde, car la chute de l’indice de Shanghai n’indiquait rien de nouveau sur l’état de l’économie chinoise.  En revanche, elle traduit une réalité à laquelle se sont heurtées d’autres équipes avant celle de Xi Jinping: la difficulté à réformer réellement l’économie chinoise.

Compilé par Delphine Dechaux et Chloé Dussapt

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