La Chine menace de réduire ses achats de bons de Trésor US

La Chine menace de réduire ses achats de bons de Trésor US

Quand la Chine joue avec les nerfs et les finances des Américains … rappelant à la mémoire de Donald Trump et des investisseurs US que Pékin tient Washington par la barbichette …

Vendredi, l’ambassadeur de Chine aux Etats-Unis n’a pas exclu que l’Empire du Milieu – plus important détenteur étranger de la dette fédérale américaine – réduise ses achats de bon du Trésor US. Diplomatie à la chinoise entre menace et chantage alors que le Président américain est à l’origine de vives tensions commerciales au niveau international, en lançant notamment la bataille de l’acier.

Dans le cadre d’un entretien accordé à Bloomberg Television, l’ambassadeur de Chine à Washington, Cui Tiankai a répondu aux journalistes l’interrogeant sur le dossier que Pékin considérait à l’heure actuelle toutes les options, lesquelles incluent la possibilité que la Chine réduise ses achats d’obligations américaines.

“Nous croyons que toute initiative unilatérale et protectionniste serait dommageable pour tout le monde, y compris les Etats-Unis eux-mêmes”, a-t-il martelé, ne laissant aucune ambiguïté. Histoire d’enfoncer le clou, il a par ailleurs ajouté que cela “aurait certainement un impact négatif sur la vie quotidienne de la classe moyenne américaine, sur les compagnies américaines comme les marchés financiers”. Laissant ainsi entière responsabilité à l’administration Trump en cas d’émergence d’une grave crise économique.

Cette menace à peine voilée de déstabilisation des marchés financiers US – voire mondiaux – intervient dans un gigantesque bras de fer entre Etats-Unis et les autres puissances mondiales sous un fort relent de protectionnisme américain. Reste que – n’en déplaise à Trump – la Chine n’en demeure pas moins le premier détenteur de titre de dette américaine, juste devant le Japon.

Mine de rien, Pékin a belle et bien la capacité d’inquiéter Washington alors que les Etats-Unis voient s’envoler leur déficit budgétaire, obligeant l’Etat américain à recourir à des emprunts pour pouvoir financer les importantes réductions d’impôts et la forte hausse des dépenses militaires, deux mesures phares du locataire de la Maison Blanche.
Certes, parallèlement, les bons du Trésor américains demeurent au premier rang des investissements obligataires les plus sûrs du monde offrant un meilleur rendement. Ce qui explique qu’en janvier 2018, la Chine détenait un peu plus de 1.168 milliards de dollars de bons du Trésor américains, soit environ 20% des sommes globales détenues par des entités étrangères.

  • Trump en guerre commerciale contre  la Chine 

A noter que cette déclaration intervient alors que jeudi dernier, Donald Trump a annoncé des mesures punitives contre des importations chinoises. Leur montant étant susceptible d’atteindre une fourchette comprise entre 50 et 60 milliards de dollars. L’administration américaine dispose quant à elle de 15 jours pour détailler les produits ciblés.

Autre sujet de discorde : Washington a lancé une procédure contre Pékin devant l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), pointant du doigt certaines pratiques de la Chine, les estimant contraires aux droits de propriété intellectuelle.

En retour, Pékin a dévoilé une liste de 128 produits américains sur lesquels seront appliqués de nouveaux droits de douane.

  • Quand un rapport sème la panique 

Il y a quelques semaines, un rapport de presse – non confirmé – de Bloomberg concernant l’arrêt progressif des achats chinois d’obligations du Trésor américain avait ébranlé les marchés mondiaux … démontrant s’il en était besoin la fragilité du système financier mondial.

Relançant parallèlement un vieux débat sur la vulnérabilité des Etats-Unis  face aux actions hostiles de Pékin.
L’importance du portefeuille chinois d’obligations américaines pouvant en effet être utilisé comme arme financière contre le marché du Trésor américain et, par conséquent, le dollar américain.

La panique éphémère sur le marché des changes et le marché des obligations du Trésor américain avait pur prendre fin après que l’Administration d’Etat des Changes (SAFE) ait publié une déclaration très ferme, affirmant que le rapport Bloomberg était une « fake news ».

Les autorités américaines et certains experts financiers avaient alors fait part d’études concernant les dommages potentiels afin de rassurer les investisseurs sur le fait que la Chine n’avait  aucun moyen de nuire au système financier américain et au prix des bons du Trésor américain.

Certains experts avaient alors estimé que le rapport divulgué n’était ni plus ni moins qu’un coup de semonce pour freiner les ardeurs de Donald Trump pour s’engager dans une guerre commerciale contre la Chine.

Elisabeth Studer – 28 mars 2018 – www.leblogfinance.com

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