La Chine tente d’endiguer la fuite de capitaux

Pékin met les bouchées doubles pour tenter de freiner les fuites de capitaux, phénomène d’une grande ampleur lié en grande partie à la forte dépréciation du yuan. L’agence d’Etat supervisant le marché des changes (SAFE) a ainsi indiqué samedi que les échanges de devises des particuliers serraient fermement encadrés. Une manière aussi de s’attaquer au blanchiment d’argent et aux transactions illégales.

Désormais, les particuliers désirant convertir leurs yuans en devises étrangères devront fournir de plus amples informations à leur banque. En plus de leurs papiers d’identité, ils devront également fournir de plus amples détails sur les fonds concernés. L’objet de toutes les attentions : les sommes évadées par les chefs d’entreprises chinoises et les investisseurs.

Le site internet de la SAFE a par ailleurs précisé que le montant plafond demeurait fixé à 50.000 dollars pour ce type de transactions effectuées par les particuliers. Selon l’agence d’Etat, le nouveau durcissement des contrôles a pour objectif d’empêcher les manoeuvres pour contourner ce quota, « en comblant les lacunes de la supervision ».

L’idée est de « combattre les transactions illégales, blanchiment d’argent et banques clandestines », a par ailleurs martelé la SAFE, assurant qu’elle « multiplierait les contrôles aléatoires et durcirait ses sanctions ». L’authenticité des informations fournies devra quant à elle être vérifiée par les banques.

L’institution a également annoncé vendredi que les établissements financiers seront sommés, à partir de juillet, de signaler à la banque centrale chinoise (PBOC) tout transfert international dépassant 200.000 yuans (28.800 dollars), afin de lutter contrer « le blanchiment ».

A l’heure actuelle, les entreprises chinoises qui disposent d’importantes liquidités utilisent toutes sortes de stratagèmes  pour les faire sortir du pays, tel que souscrire un prêt en yuan … pour se faire rembourser en devises étrangères, une méthode jusqu’à présent tout à fait légale. D’autres émettent de fausses factures ou des factures artificiellement élevées, via un processus qui s’apparente plus à du blanchiment d’argent. Les exportateurs chinois sont parfois tentés de déclarer aux autorités un prix inférieur à la réalité pour une vente réalisée auprès d’un importateur américain en vue de placer discrètement dans une banque américaine la différence en dollars.

La fuite de capitaux constitue un problème fortement préoccupant pour le gouvernement chinois, alors que l’équivalent de près de 1.000 milliards de dollars ont quitté le territoire en 2015. Le phénomène s’est poursuivi en 2016, pour atteindre 690 milliards de dollars sur les dix premiers mois de l’année, selon des estimations de Bloomberg Intelligence.

La baisse de la croissance chinoise, la faiblesse du yuan et la prochaine remontée des taux directeurs aux Etats-Unis – laquelle rend plus attractifs les actifs libellés en dollars – incitent en effet les épargnants à placer leur argent dans d’autres devises.

Au final, le cours du yuan se trouve soumis à une forte pression, évoluant au plus bas depuis huit ans face au dollar, après avoir chuté d’environ 7% en l’espace d’un an.
En une sorte d’effet boule de neige, cette dépréciation augmente l’inquiétude des épargnants, les incitant encore davantage à transférer leurs capitaux vers des placements jugés plus sûrs et rémunérateurs à l’étranger.

Pour tenter d’endiguer ce phénomène, les autorités chinoises rachètent des yuans, en puisant dans les réserves de devises étrangères de la Chine. Lesquelles ont chuté de près de 70 milliards de dollars en novembre 2016.

Sources : AWP, Bloomberg, Les Echos

Elisabeth Studer – 01 janvier 2017 – www.leblogfinance.com

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