La croissance en 2015, un remake de 2013?

La mauvaise nouvelle lâchée par l’Insee vendredi 14 août sur la stagnation de l’activité au 2ème trimestre 2015 peut-elle laisser croire à un remake de l’année 2013, qui s’était conclue sur un très décevant taux de 0,3 % de croissance? Le 0% de croissance annoncé, alors que les anticipations laissaient prévoir un petit 0,3%, vient en effet juste après un très bon premier trimestre 2015, d’abord estimé à 0,6%, et même réévalué ce vendredi à 0,7%. Or cet effet boomerang avant déjà été enregistré en 2013, quand la très bonne croissance constatée alors pour le second trimestre (0,6%) s’était fracassée contre un semblable 0% au trimestre suivant.

Ainsi vont les aléas de l’activité, diront les statisticiens. Sauf que depuis que la croissance est maigre, la résonance de ces chiffres dans l’opinion publique, et celle des chefs d’entreprises, est très sensible à ce sentiment de chaud et froid. En témoignent les deux courbes suivantes, qui reprennent le « moral économique » des Français et des chefs d’entreprises, tels qu’il est mesuré chaque mois pour Challenges par les baromètres Odoxa-Aviva et Opinionway-Banque Palatine.

Après le très bon 2ème trimestre 2013, les deux indices de confiance avaient bondi d’une dizaine de points, meilleure score depuis l’installation à l’Elysée de François Hollande. Avant d’en reperdre autant (pour les Français), et la moitié (pour les patrons de PME) à l’annonce de la performance nulle du troisième trimestre. Erodée par cette soudaine baisse de confiance, la croissance de l’année 2013 s’était finalement bloquée au niveau de 0,3%. Comme quoi, particulièrement avec une faible croissance, les prophéties tendent à se montrer auto-réalisatrices.

L’activité en 2015 va-t-elle être aussi souffrir de ce régime de douche écossaise? Le ministre des Finances, Michel Sapin, ne veut pas le croire : « A la fin du premier semestre, l’acquis de croissance est de 0,8%, ce qui conforte notre objectif de 1% pour l’année 2015« , a-t-il déclaré à l’AFP. Car il y a une vraie différence avec le précédent de 2013. L’accident conjoncturel s’est produit un trimestre plus tôt en 2015. Et ce qui est pris, n’est plus à prendre… 

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