La justice saisit 10 châteaux viticoles appartenant à un groupe chinois dans le bordelais


Un vignoble français

Un vignoble français

Un vignoble français (©AFP)

Haichang, un conglomérat chinois, est soupçonné d’avoir usé de montages financiers frauduleux pour devenir propriétaire de ces domaines en France.

L’affaire est rocambolesque. Dix châteaux viticoles* appartenant au groupe chinois Haichang, conglomérat actif dans une kyrielle de secteurs économiques, ont été saisis cette année pour des infractions dans les montages financiers ayant permis leur acquisition, a-t-on appris vendredi auprès de la police judiciaire de Bordeaux. Parmi les biens saisis figure le château Sogeant, à Saint-Caprais-de-Bordeaux, racheté il y a quatre ans, selon les informations de Sud Ouest.

Depuis plusieurs années, la PJ enquêtait avec l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) sur les 24 châteaux, qui représentent 34 marques au total, du groupe Haichang. Ce conglomérat privé, dont les activités vont du transport maritime à l’immobilier en passant par les parcs de loisirs, les a acquis pour environ 55 millions d’euros, essentiellement dans la région de Libourne (Gironde).

« Pour dix châteaux, on a découvert un certain nombre d’infractions fiscales: blanchiment de fraudes fiscales, faux, usages de faux, etc. On a saisi durant le 2e trimestre 2018 ceux pour lesquels le mode d’acquisition était illicite », a indiqué la police judiciaire à l’AFP, confirmant une information de France 2. Ces infractions ont été commises en France, a-t-on souligné de même source.

De faux actes notariés

les enquêteurs ont notamment découvert des opérations entre des sociétés offshore et des sociétés de droit français qui n’étaient pas liées, ainsi qu’un prêt de 30 millions d’euros de la banque chinoise ICBC à Paris accordé à partir de faux actes notariés.

« On a fait appel de l’ordonnance de saisie qui n’est qu’une saisie empêchant de vendre et qui n’indique aucune culpabilité », a déclaré à l’AFP Maxime Delhomme, avocat parisien du groupe Haichang.

En 2014, la police judiciaire s’est intéressée au groupe Haichang, dirigé par le Chinois Naije Qu, après la publication dans la presse locale d’un article portant sur un rapport de la Cour des comptes chinoise.

De l’argent destiné aux technologies étrangères

La Cour des comptes estimait que des fonds publics avaient servi à acquérir des vignobles français. Etaient notamment épinglées deux entreprises de la métropole portuaire de Dalian (nord-est), auxquelles les autorités locales avaient confié 268 millions de yuans (32 millions d’euros) de fonds publics pour acquérir des technologies étrangères. Mais elles avaient en fait profité de cette aubaine pour acheter 14 vignobles français, selon le rapport.

les 10 vignobles saisis au groupe Haichang ne sont pas de grands châteaux bordelais, à l’image des quelque 160 châteaux acquis par des Chinois en Gironde, qui représentent 3% de la surface des vignobles bordelais, selon le journal Sud Ouest.

Naije Qu, 56 ans, est originaire de Dalian, où a été organisée en 2012 une fête du vin avec la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux. Le dossier a été transmis au parquet national financier à Paris.

*Parmi les dix châteaux viticoles saisis, on retrouve selon Sud Ouest le château Chabiran à Galgon, le château Fantin à Saint-Jean-de-Blaignac, le château La Gatte à Saint-André-de-Cubzac, le château Grand Jour à Prignac-et-Marcamps, le château Jonqueyres à Saint-Germain-du-Puch et le château Sogeant à Saint-Caprais-de-Bordeaux.

(AFP)

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