La Libye ne veut pas réduire sa production, tâche accrue pour l’Opep

L’obtention d’un consensus mercredi lors de la réunion de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui doit se tenir à Vienne n’est pas gagné d’avance.

La Compagnie nationale de pétrole (NOC) libyenne a en effet annoncé dimanche que la Libye ne participera pas à une réduction de la production initiée par le cartel. Argument invoqué  : la situation économique en Libye, qualifiée de dangereuse.

Le directeur de la NOC, Mustafa Sanalla, a même estimé impensable que la Libye participe aux réductions de production prévues par l’Opep dans un avenir proche.

A l’heure actuelle, la Libye produit autour de 600.000 barils par jour et compte bien doubler sa production en 2017.  Rappelons qu’avant la chute du régime de Kadhafi en 2011, le pays produisait 1,6 million de barils par jour.

Mais depuis, la Libye a sombré dans le chaos tant politique que sécuritaire. Dans un tel contexte, il éprouve d’immenses difficultés à exploiter ses ressources pétrolières et à pouvoir en profiter pleinement, une situation qui a conduit son économie au bord de l’effondrement.

Démontrant s’il en était besoin le lien intime entre politique, économie, pétrole et tensions internes en Libye, Mustafa Sanalla a tenu à souligner que le pétrole libyen pouvait « être un vecteur d’unité si on lui permet de couler librement ».

Pour rappel, afin de relancer le niveau des cours plombés par une surabondance de l’offre depuis l’été 2014, le cartel souhaite ramener sa production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (mbj) et parvenir à un accord avec d’autres grands producteurs.

Le 28 septembre dernier à Alger, l’Opep a annoncé avoir trouvé un accord pour limiter sa production, tentant ainsi de faire face à une demande supérieure à l’offre, phénomène aboutissant à la chute du prix du baril … et de la manne pétrolière.

Selon cet accord de principe, la production du cartel est censée revenir entre 32,5 et 33,0 millions de barils par jour (bpj). Reste qu’en septembre, l’Opep a pompé en moyenne 33,39 millions de bpj, soit sa production la plus élevée enregistrée depuis au moins 2008.  Il est vrai que trois pays, l’Iran, la Libye et le Nigeria ont été autorisés à produire à des niveaux maximum dans la limite du raisonnable.

Fin octobre, l’Irak, deuxième plus important producteur de l’Opep a ainsi demandé à être dispensé de participer aux baisses de production que le cartel promet depuis quelques semaines, arguant de sa lutte contre l’Etat Islamique et de besoins liés à la reprise de Mossoul. « Nous menons une guerre difficile », a affirmé le ministre irakien du pétrole Jabbar Ali al-Louaïbi, demandant à bénéficier de la même exemption que le Nigeria et la Libye. Annonçant parallèlement que l’Irak avait dépassé le seuil de 4,7 millions de barils par jour, les exportations de la région kurde y compris, lesquelles ont atteint à 577.000 b/j.

Le ministre irakien a par ailleurs ajouté que les champs pétrolifères situés au sud et au centre du pays produisaient 4.228 millions de barils par jour. « L’Irak tente d’obtenir toute sa part perdue au cours des sanctions économiques de 1990″ , a-t-il par ailleurs déclaré, réduisant fortement la probabilité de voir une baisse de production irakienne.

Pour que l’accord ait une chance de se concrétiser dans un tel contexte, il semble de plus en plus clair que l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït devront assumer la majorité des restrictions de production. Décisions difficiles à prendre pour ces pays fortement dépendant des revenus pétroliers.

Lors de la réunion prévue mercredi, l’Opep doit encore procéder à la répartition des quotas pays par pays … une tâche on ne peut plus complexe dans la situation actuelle.

Elisabeth Studer – 27 novembre 2016 – www.leblogfinance.com 

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