La loi relative au travail est adoptée

Récapitulatif de la loi travail

Le 21 juillet 2016, la loi travail a été définitivement adoptée par le Parlement. Les changements qu’elle opère sur le droit du travail sont nombreux et transversaux.

Le projet de loi « relatif au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels », porté par la ministre du travail, Myriam El Khomri, a été définitivement voté par l’Assemblée nationale. Ce texte fait l’objet de deux saisines du Conseil constitutionnel, par les députés et par les sénateurs. La loi sera applicable après promulgation au Journal officiel.

Le temps et la rémunération du travail

La durée légale du travail reste de 35 heures par semaine. La durée maximale du travail reste fixée à 10 heures par jour et à 48 heures par semaine. Ces durées peuvent toujours être portées à 12 heures par jour et à 60 heures par semaine en cas de « circonstances exceptionnelles », Dorénavant, c’est l’ accord d’entreprise   Définition Un accord collectif est un accord conclu entre un employeur ou un groupement d’employeurs et une ou plusieurs organisations syndicales, en vue de fixer des règles relatives aux conditions de travail, à l’emploi ou aux garanties sociales des salariés.
 qui prime sur l’ accord de branche   Définition Un accord de branche est un accord conclu entre un ou plusieurs groupements d’entreprises appartenant à un même secteur d’activité et une ou plusieurs organisations syndicales représentatives.
, avec le maintien de l’autorisation de l’inspection du travail.

Les entreprises de moins de 50 salariés pourront librement proposer à leurs salariés un forfait jour, dérogeant aux règles des 35 heures. Ces derniers sont tout aussi libres, en droit, de refuser la proposition.

Concernant la rémunération du temps de travail, en principe, les heures supplémentaires sont majorées de 25 % pour les 8 premières et de 50 % pour les suivantes. Il était déjà possible de réduire cette majoration à 10 % à condition qu’aucun accord de branche   Définition Un accord de branche est un accord conclu entre un ou plusieurs groupements d’entreprises appartenant à un même secteur d’activité et une ou plusieurs organisations syndicales représentatives.
 ne s’y soit opposé. La loi nouvelle retire cette dernière condition et permet de réduire à 10 % la majoration des heures supplémentaires à partir de l’accord de l’entreprise.

Licenciements et indemnités 

La loi nouvelle différencie les critères du licenciement pour « difficultés économiques » selon la taille de l’entreprise. Un barème est institué qui met en relation la baisse du chiffre d’affaires avec la taille de l’entreprise : plus sa taille est grande, plus le chiffre d’affaires doit avoir baissé depuis longtemps pour qu’un licenciement économique pour difficultés économiques soit justifié.

Si le licenciement n’est pas justifié – que ce licenciement ait été fait pour des motifs économiques ou personnels – le salarié a droit à des indemnités. Il doit saisir le conseil des prud’hommes pour les obtenir. La loi intègre dans le Code du travail le principe de plafonnement des indemnités prud’homales, selon un barème qui se fonde sur l’ancienneté du salarié. Mais ce barème n’a pas force impérative dans le texte définitivement adopté : le plafond ne sert qu’à titre indicatif et ne lie pas les conseillers prudhommaux dans leur décision. 

La négociation collective

La loi nouvelle intègre, dans son article 2, un principe directeur qui en donne la philosophie : l’idée est de privilégier les accords d’entreprise   Définition Un accord collectif est un accord conclu entre un employeur ou un groupement d’employeurs et une ou plusieurs organisations syndicales, en vue de fixer des règles relatives aux conditions de travail, à l’emploi ou aux garanties sociales des salariés.
 sur les accords de branche   Définition Un accord de branche est un accord conclu entre un ou plusieurs groupements d’entreprises appartenant à un même secteur d’activité et une ou plusieurs organisations syndicales représentatives.
, qu’ils aient des termes plus favorables pour les salariés ou qu’ils ne les aient pas. Cette « inversion de la hiérarchie des normes », que l’article 2 dispose, a été très critiquée par les opposants du texte.

Plus concrètement, la loi prévoit un nouveau type d’accord d’entreprise : l’accord de développement de l’emploi (dit aussi accord offensif, en opposition avec l’accord défensif de maintien de l’emploi qui existait déjà). Cet accord permet à l’employeur de faire travailler davantage les salariés pendant 2 ans, si les nouveaux besoins en activités le justifient. Un salarié refusant une telle augmentation de temps de travail pourra être licencié pour motifs économiques

La loi introduit à ce sujet deux changements majeurs. D’abord, la part de la représentation syndicale nécessaire pour valider un accord d’entreprise passe de 30 % à 50 %. Il faut donc nécessairement des syndicats représentant la moitié ou plus des salariés pour que l’accord négocié ait force obligatoire. Ensuite, la loi ajoute la possibilité de contourner une absence de majorité syndicale : un syndicat représentant moins de 30% des salariés peut demander à ce que l’accord d’entreprise soit soumis à un référendum. Si plus de la moitié des salariés accepte l’accord, alors celui-ci est valide, les syndicats majoritaires n’ayant pas de faculté d’opposition.

D’autres mesures 

Un nouveau compte personnel d’activité (CPA), permettra un suivi individuel de tous les actifs, quel que soit leur statut, du début de leur activité professionnelle jusqu’à leur décès. Il intègrera le compte personnel de formation, le compte pénibilité et un nouveau compte d’engagement citoyen (qui permettra de gagner des heures de formation en cas de volontariat et d’activité bénévole).

La visite médicale d’embauche, actuellement systématique, ne concernera plus désormais que les salariés exposés à des risques particuliers. Au moment de l’embauche, les autres auront une visite d’information et de prévention.

Enfin, la Garantie Jeunes sera généralisée à l’ensemble du territoire en 2017. Actuellement, ce dispositif est mis en œuvre dans 91 départements. Elle concerne les individus de 18 à 25 qui sont en situation de décrochage. Ce dispositif leur propose d’être accompagnés par une mission locale pour trouver un emploi tout en touchant une aide mensuelle. La loi change également la façon d’obtenir cette garantie : il fallait autrefois passer par une commission ; demain le fait de remplir un certain nombre de critères sera suffisant.

La finance pour tous