La RATP contrainte d'améliorer sa qualité de service

Les négociations auront été longues et ardues entre la RATP et son principal client, Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité régulatrice des transports de la région, mais c’était pour le bien des 4 millions d’usagers concernés qui se déplacent en métro, tram et ou bus en région parisienne.

Au final, cet accord signé mercredi 14 avril et portant sur la période 2021-2024 durcit les objectifs à atteindre pour l’ex-Régie du métro parisien ainsi que les « pénalités » et dédommagements exigés en cas de manquement aux termes du contrat.

21 milliards d’euros en jeu

Qualifié de « contrat historique » par la présidente de la Région, Valérie Pécresse, lors de sa présentation à la presse, l’accord prévoit une enveloppe de 21,2 milliards de subventions sur quatre ans dont 8,4 milliards d’investissements consacrés aux investissements de modernisation des transports.

En échange, la RATP va devoir nettement améliorer sa qualité de service sous peine d’être soumise à des pénalités plus importantes.

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Première nouveauté: la RATP devra désormais dédommager de manière plus automatique les voyageurs en cas de retards répétés sur les lignes A et B du RER. Si la ponctualité des trains est inférieure à 80% pendant trois à cinq mois (calculé sur l’année et pas

 en continu), ses usagers seront remboursés d’un demi-mois de Navigo. Si les retards s’étalent sur six à neuf mois, le remboursement s’élèvera à un mois complet. Et au-delà, un mois et demi. Précision: c’est désormais la branche qui est prise en compte et non plus l’ensemble de la ligne, ce qui avait pour effet de minimiser les retards sur des tronçons spécifiques.

« Grâce à ce nouveau système, les usagers de la petite branche Robinson (du RER B Sud) auraient pu être indemnisés en 2019 et en 2020, explique Marc Pélissier, Président de l’association FNAUT Ile de France, qui juge que ce contrat va globalement dans le bon sens. »

En ce qui concerne le métro, la RATP va devoir désormais assurer le même niveau de régularité aux heures creuses et en heures de pointe. Un nouvel indicateur de ponctualité mesurera cette dernière.

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100 millions d’euros de bonus ou de malus

Par ailleurs, le système de « bonus/malus » imposé aussi bien à la RATP qu’à la SNCF pour inciter les opérateurs à respecter leurs engagements, a été durci. L’enveloppe a été multipliée par quatre, à 100 millions d’euros avec « trois quarts des indicateurs rehaussés par rapport au précédent contrat » a précisé Valérie Pécresse. Dans le détail, 43 millions sont dédiés à l’amélioration de la ponctualité et 25 millions seront attribués en fonction de la qualité de service perçue par les voyageurs au travers des enquêtes de satisfaction.

Une petite révolution culturelle: « La RATP, comme la SNCF, ont toujours été très réticentes à l’intégration de ce genre d’indicateurs, leur préférant des indicateurs techniques, rappelle ainsi Marc Pélissier.  Mais ils sont importants pour les usagers: Pour la propreté, ce n’est pas le calcul du nombre de papiers par terre dans le métro qui compte, mais bien la perception de l’ensemble, idem pour l’information délivrée en cas de grève ou de travaux ».  

Grosse source d’irritation des clients: les pannes des escaliers mécaniques et des ascenseurs. Il y aura désormais un nouvel indicateur mesurant les délais de remise en service.

Sanction financière en cas de non-respect du service minimum

Auparavant en cas de grève, la SNCF et la RATP s’engageaient à assurer un minimum de 30% des trains et 50% des métros circulant aux heures de pointe, mais sans aucune sanction financière. La sortie du conflit contre la réforme des retraites, en février 2020avait suscité d’interminables discussions sur l’indemnisation des abonnés Navigo privés de service pendant deux mois… Désormais, « en cas de grève, le remboursement sera automatique », assure Valérie Pécresse.

Feu vert pour les nouveaux RER B

La RATP voit également son enveloppe pour les investissements de modernisation du matériel roulant grossir de 600 millions d’euros, à 1,6 milliards. Notamment pour acheter les fameux RER B (MI20), mais aussi des rames de métros neuves pour plusieurs lignes (MP14) et à financer le système Nexteo (automatisation des RER).

Bonne nouvelle: le bras de fer avec Alstom sur la fourniture des 146 nouvelles rames (pour 2,56 milliards d’euros) semble réglé. Ces dernières devraient être livrées en 2025 comme prévu, promettent la RATP et IDF Mobilité.  Alstom a fait machine arrière en renonçant à renégocier le contrat de Bombardier dont il a hérité avec le rachat de l’entreprise canadienne. 

« Alstom s’est rendu à la raison, a expliqué Valérie Pécresse. Avec 25% de son carnet de commandes fourni par les achats d’IDFM, il était difficile de se brouiller avec nous », a fait valoir la patronne d’IDF, qui promet que le prix de l’offre « va être respecté. On ne paiera pas un euro de plus ».  

Les associations d’usagers craignent toutefois de ne pas voir la mise en service des nouvelles rames à la date promise vu les retards pris par le chantier de rénovation des infrastructures de la ligne.

 

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