La Russie financièrement mise à mal par la crise en Ukraine

Alors qu’au plus fort des tensions sur la place Maïdan à Kiev, l’agence de notation Fitch avait d’ores et déjà indiqué que la crise qui frappe actuellement l’Ukraine risquait d’affecter un certain nombre de banques russes, et tout particulièrement les établissements publics, les faits semblent lui donner raison.
Lundi, la Russie a ainsi vendu des devises étrangères pour un montant record de 11,3 milliards de dollars. Objectif : soutenir le rouble. La devise russe étant fortement soumise à pression après l’aval donné à Poutine par le Parlement russe pour une intervention armée en Ukraine.

Les marchés financiers russes ont en effet cédé à un vent de panique en tout début de semaine, redoutant d’éventuelles sanctions économiques et financières à l’encontre de Moscou. Lundi, la Bourse russe avait terminé la séance en baisse de 10%, le rouble atteignant parallèlement un plus bas face à l’euro et au dollar.

Pour la seule journée de lundi, la Banque centrale russe a ainsi vendu l’équivalent en devises de 410,6 milliards de roubles (soit 11,3 milliards de dollars ou 8,3 milliards d’euros), un record historique. Rappelons en effet que le précédent record s’élevait à 76,7 milliards de roubles (2,1 milliards de dollars ou 1,5 milliard d’euros).

Depuis le début de l’année, le rouble s’est déprécié de près de 10% face à l’euro, les investisseurs se détournant des monnaies émergentes tout en se montrant inquiets du ralentissement de l’activité économique russe.

Le 25 février dernier, Fitch s’était inquiété d’un potentiel impact de la crise ukrainienne sur les banques publiques russes, lesquelles s’avèrent très engagées dans l’économie de cette ex-république soviétique voisine.

L’agence de notation avait tenu à rappeler à cet égard qu’au total, les prêts des banques russes en faveur de l’Ukraine s’élèvent à 28 milliards de dollars à l’heure actuelle, la majorité étant accordés par les banques publiques. Selon Fitch, Vnechekonombank (VEB), Gazprombank et VTB figureraient parmi les banques les plus menacées.

L’agence de notation indiquait même que l’exposition importante des banques russes à l’Ukraine pourrait affecter la solvabilité de certaines institutions. Précisant que les risques pèsent essentiellement sur les prêts accordés aux entreprises ukrainiennes et aux entrepreneurs russes et ukrainiens ayant acquis des actifs dans le pays.

« Nous pensons que ceux-ci sont exposés aux risques politiques et économiques en Ukraine, dont la récession, les questions qui pourraient se poser sur la propriété des actifs, et la dévaluation de la hryvnia, étant donné qu’environ 60% des prêts sont accordés en devises étrangères », expliquait ainsi Fitch.

Le 21 février dernier, en visite à Berlin, le ministre russe du Développement économique Alexeï Oulioukaïev, avait déclaré quant à lui que la crise politique en Ukraine porterait atteinte aux entreprises russes opérant dans le pays.
« Il va sans dire que l’impact de la crise se fait sentir. L’Ukraine est l’un de nos principaux partenaires commerciaux. Il est clair que le PIB de ce pays baissera et que sa participation dans les échanges commerciaux se réduira. Il ne fait aucun doute que cela exercera un effet négatif sur les sociétés russes qui coopèrent avec l’Ukraine », avait ainsi affirmé M. Oulioukaïev lors d’une conférence de presse.

Si la détérioration de la situation en Ukraine n’avait pas encore à cette date affecté les actions des entreprises pétrolières, gazières et métallurgiques russes travaillant dans le pays, les titres des banques et de l’opérateur russe de téléphonie mobile MTS s’étaient d’ores et déjà dépréciés. Certains analystes estimant toutefois que la décote observée était due en majeure partie à l’affaiblissement du rouble et de la hryvnia par rapport aux principales monnaies de réserve.

Sources : AFP, Ria Novosti

Elisabeth Studer – 5 mars 2014 – www.leblogfinance.com


Le Blog Finance