La Russie teste la mise en place de son propre indice pétrolier

Autre hasard de calendrier ? Alors que le pétrole s’avère être au cœur du financement de Daesh, un article de l’agence russe RBC en date du 12 novembre 2015 nous annonçait que la Russie avait l’intention de tester les échanges sur la base d’un nouvel indice pétrolier. Soit la veille des attentats perpétrés à Paris, le 13 novembre dernier.

Selon l’agence RBC, ce nouvel étalon devrait élever le prix du pétrole russe et le dissocier des indices de celui de type Brent. A l’heure actuelle, le pétrole de types russes Urals et ESPO est vendu avec une certaine remise par rapport au pétrole Brent, suite à l’absence de mécanisme unifié et transparent de formation du prix et des garanties de livraisons. Situation préjudiciable pour la Russie que pourrait améliorer la mise en place de ce nouvel indice. Une idée née depuis plusieurs années.

Néanmoins, pour pouvoir être considéré comme un repère de prix sur le marché international, le pétrole devrait être vendu en bourse à un prix transparent. Parallèlement, les livraisons devraient être garanties pour tous les participants aux échanges, lesquels derniers devraient atteindre au moins 10-15 millions de tonnes par an, soit 3 millions de barils par jour.

Les conditions de la création d’un tel indice ont fait l’objet de l’étude d’un groupe de travail au sein du ministère russe de l’Energie, avec la participation de représentants des entreprises pétroliers et d’autres structures. Le ministère estime nécessaire de procéder à des plusieurs sessions de test avant de passer en mode nominal.

Toujours selon RBC, les conditions générales d’exportation du pétrole russe via la bourse de Saint-Pétersbourg sont d’ores et déjà élaborées à l’heure actuelle, ainsi que les règles des échanges. Les intervenants sur le marché pétrolier participent à des rencontres d’information liées aux échanges. Selon le responsable de la bourse, la mise en place de cet indice devrait commencer avant la fin de l’année 2016.

Parallèlement, selon un article d’Interfax, les experts de la Banque de Russie estiment quant à eux que l’approvisionnement en pétrole de l’Europe à partir de l’Arabie saoudite a un impact négatif sur le prix de l’Urals. «La réduction des prix de l’Urals par rapport au prix de baril de Brent a augmenté jusqu’à atteindre 3,35 dollars le baril par rapport à la valeur d’actualisation, ne dépassant pas deux dollars le baril», — ont-ils ainsi déclaré dans le bulletin du Département des études et de la prévision de la banque centrale russie.

Une situation qui – comme le soulignent les experts – crée des risques supplémentaires pour l’exportation russe et la balance des paiements, mais plus encore pour le budget de la Russie.

Depuis un an l’Arabie Saoudite est devenue l’instigatrice de la nouvelle tactique du cartel pétrolier de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) : au lieu de réduire la production de pétrole et de faire ainsi monter les cours, l’OPEP, à l’instigation de Riyad, a conservé le niveau de la production au même niveau.

Mais, parallèlement, l’Arabie Saoudite a débuté ses livraisons à destination de la Pologne et de la Suède, qui, traditionnellement, achètent principalement de pétrole russe.

Si, dans un premier temps, ces volumes resteront probablement trop faible pour influer sur le marché, un retour sur le marché européen en pétrole de l’Iran après la levée des sanctions pourrait conduire à une réduction de prix des livraisons russes l’année prochaine, a toutefois indiqué l’agence Bloomberg citant des décomptes de KBC Advanced Technologies.

Dès que les sanctions seront levées, la priorité de l’Iran, comme l’ont d’ores et déjà déclaré de hauts représentants de la république Islamique sera de restaurer ses parts de marché perdues, indépendamment de l’impact que cela aura sur les prix.

En 2014, les livraisons de pétrole en provenance de Russie à destination de l’Europe s’élève à environ 127 millions de tonnes, dont 41 millions de tonnes ont été fournis par des contrats à long terme avec Rosneft.

Selon les agences, la moyenne des prix de pétrole Urals, a diminué de 1,9 fois de janvier à octobre 2015 à 53,61 dollars le baril.

Sources : sputniknews.co, Interfax

Elisabeth Studer – 23 novembre 2015 – www.leblogfinance.com


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